Il y a quelques temps, j'ai mis une version de Oye come va par Tito Puente (photo ci-contre), le célèbre musicien portoricain, décédé en 2000, pensant que c'était une reprise du fameux tube de Carlos Santana, mon idole.
Honte à moi !!! C'est le contraire, bien entendu.
Du coup, je me suis penché sur cette très bonne chanson et son histoire n'est pas si simple que ça. Mais avant de vous en dire plus, voici une première vidéo de l'excellent Carlos, interprétant Oye como va, il y a tout juste 40 ans au fameux festival de Montreux :
En fait,
Cette chanson, c'est Chanchullo (magouille). Elle a été composée par le Cubain en 1937 et s'appelait d'abord Resa Del Neleton.
Il est vrai que le rythme cha-cha-cha de la chanson de Puente est très proche de celui de Chanchullo :
C'est donc en 1963 que Tito Puente a créé Oye como va. On dit aussi qu'il se serait inspiré d'une autre chanson cubaine, Las Mulatas Del Cha Cha Cha, écrite en 1955, pour une toute petite partie des paroles. Notamment, la phrase du refrain "Bueno pa gosar mulata" qui viendrait directement de "Gózalo mulata !", expression qu'on trouve dans le premier morceau.
Peu importe, la chanson est belle et d'ailleurs, Puente n'a jamais caché l'influence de Cachao et a même souvent joué Oye como va avec lui en live, la preuve :
Ce qui est plus drôle, concernant les paroles, c'est que la plupart des gens pensent que "Oye como va" signifie dans la chanson "Hey, comment vas-tu ?". En fait, si "Oye como va" est chanté un peu séparément de la suite "mi ritmo", il faut pourtant l'entendre comme une seul et même phrase qui veut littéralement dire "Écoute comment va mon rythme" ou encore "Écoute comme mon rythme est bon".
C'est en 1970 que Carlos Santana a repris Oye como va, sur son album Abraxas. La chanson a largement contribué à faire de lui la star internationale qu'il est devenu. La guitare électrique remplace la flute de la version originale :
J'espère que Carlos la jouera dans les Arènes de Nîmes le 18 juillet prochain !
Comme d'habitude, je vous propose quelques reprises de la chanson par divers artistes. Pour une fois, je me limite car j'en ai trouvé peu qui valaient le détour.
Je commencerai par une version brésilienne que je trouve plutôt réussi, par Eliane Elias, une belle pianiste pauliste :
On revient à Cuba avec l'interprétation de Celia Cruz :
Et le meilleur pour la fin, l'excellent José Feliciano, le roi de la reprise à la guitare classique :
Il faut que je pense à rédiger un article sur cet artiste plein de talent.