Ce matin, un ami me posait la question :
Le regroupement des réacteurs nucléaires ne fait-il pas courrir plus de risques ? Ne vaudrait-il pas mieux les construire sur des sites indépendants ?
Si l'actualité au japon éveille des craintes vis-à-vis d'un risque d'effets en chaine, la question doit être posée de manière plus globale, notamment sous un angle d'aménagement du territoire.
En France, nous avons 58 réacteurs répartis sur 19 sites. Cela veut dire une moyenne de trois réacteur par centrale. Dans le cadre d'un choix énergétique orienté vers le nucléaire (qui peut être remis en cause, c'est certain), la question de l'implantation des réacteurs est analysée par rapport à différentes contraintes.
Tout d'abord, il y a évidemment la disponibilité de la ressource en eau, nécessaire pour refroidir le réacteur et faire tourner les turbines. Comme, de plus, pour des raisons environnementales, l'eau ne doit pas être trop chauffée, il faut que le site d'implantation soit sur le bord d'un fleuve ou de la mer, afin de disposer d'un très grand volume d'eau.
Ensuite, le risque zéro n'existant pas, et sous la pression de la population, les pouvoirs publics évitent de localiser les centrales à proximité des fortes densités de population. Pax trop loin non plus, car c'est là que se localise la consommation qui justifie la réalisation des centrales.
Or les berges de fleuve ont de tout temps été des sites d'implentation humaine. Cette contrainte conjuguée avec la précédente limite donc fortement le choix des sites.
Enfin, il faut prendre en considération les solutions de transport pour les matériaux fissibles, la prévention contre les aléas naturels ... Pour tous ces critères, des solutions techniques existent, à un certain prix. Le choix du site d'implantation peut faire varier leûr coût économique.
Au final, dans le cadre d'une analyse multi-critère (impacts socio-environnementaux et coûts économiques), les pouvoirs publics retiennent une localisation. Mais il transparaît de cette analyse que le nombre de site adéquat n'est pas illimité.
Le regroupement de plusieurs réacteurs sur un même site permet donc de limiter les zones de protection. Le risque d'effet domino est réel, mais il est relativisé par le risque de survenance d'un accident majeur (type Tchernobyl).
Par ailleurs, dans le cas d'un accident majeur de ce type, toute une partie du territoire (français) serait "zone morte". L'impact de l'explosion d'un second réacteur n'induirait pas de modification majeur du périmètre de cette zone. C'est donc dans une considération très "matérielle" des conséquences de survenance d'un tel évènement que les pouvoirs publics font ces choix de regroupement : à partir du moment où un réacteur explose, l'impact marginal (comprenez supplémentaire) de l'explosion d'un second réacteur serait faible.