La paire Verbinski-Depp, tandem fabuleux qui a illuminé le cinéma spectacle de ses dernières années (Pirates des Caraibes, idiot!), a donc décidé de se suivre pour un film d’animation un peu hors normes.. et en même d’une facture relativement classique. Verbinski est l’un de ses rares réalisateurs aujourd’hui en exercice capable de faire ce qu’il veut. Donc il emmène un lézard domestique en plein désert, acte.
Rango commence par un long monologue servi sur un plateau par Rango, lézard de famille aux désirs artistiques. En fait, délirant dans une envie d’incarner quelque chose, Rango ne voit même pas l’accident routier qui conduira son petit aquarium à se fracasser sur l’asphalte d’une route plantée en plein désert. Le voilà passé d’aspirant acteur à reptile en péril. Jusqu’à rencontrer une paisible bourgade, sortie toute droit d’un western old school, peuplé d’animaux patibulaires, mais presque. Toute verve sortie (non mais!), notre ami aux écailles tente de se faire un nom… sans se rendre compte des conséquences, et des menaces voisines. Entre courses poursuites infernales, banque dévalisée ou modernité galopante, à vous de vous laisser séduire par ce Rango de bas étage.
Et la bande est des plus séduisantes, incarnée par un tas d’acteurs de talent, à commencer par un Johnny Depp fusionnant avec sa créature (voir le making of pour ça, la technique employée imprégnant les personnages des mimiques et de l’acteur d’origine), offrant un réel spectacle à lui seul, pas si éloigné de son lui véritable qu’on retrouve dans la série des Pirates. A la barre, Gore Verbinski s’éclate et offre un réel spectacle visuel, qu’il soit dans les décors, les personnages ou la thématique (légèrement écolo, pour coller à l’actu). Rango renoue ainsi avec du grand western pop corn, et malgré quelques faiblesses de narration parvient à nous émerveiller de bout en bout. Difficile cependant d’échapper au poncif du genre, entre romantisme exacerbé (mais zut, avec des colts et la poussière du désert, ça passe) et stéréotype galopant. Ceci étant, non dénué d’humour et de malice, le film offre sa dose de dépaysement et d’actions, procurant de nombreuses sensations pendant 1h40.
A l’instar d’un Snyder séduit par une bande de chouettes, Verbinski se la joue animé, et avec talent. Visuellement époustouflant, son dernier film aurait mérité de perdre quelques minutes, pour ne pas accuser un coup de mou à la moitié du chemin, mais offre suffisamment de choses pour en profiter au maximum. On en redemanderait presque…