« Aujourd’hui, l’homme des villes, par ses fenêtres ouvertes, l’été, peut entendre s’égrener dans les appartements voisins, quand il n’est pas rendu sourd par des camions grondants, la musique annonciatrice des informations, les jingles précédant la pub, les génériques ronflants ou primesautiers des émissions de l’après-midi ou celles du prime-time. Le fond de l’air parle média. L’air du temps parle télé. Le monstre média est à lui seul le lien et la communauté, l’ensemble des habitudes et des lois du groupe social. Ne pas croire à ses coutumes, cesser d’ajouter foi à ses discours, se détacher de ses images et de ses pratiques, demande donc une énergie de chaque instant, un courage et un optimisme à toute épreuve, et finalement c’est presque impossible, puisque cela équivaudrait à rompre en même temps avec la société, c'est-à-dire à vivre sur une autre planète. » Philippe Muray Festivus Festivus
Lundi sur France5 pour l’excellente émission d’Alessandra Sublet, C à vous. Quand je peux la regarder je ne la manque pas et ce soir l’invitée est l’actrice Sylvie Testud, le genre de personne que j’aimerais connaître (c’est rare chez moi !) tant elle est naturelle et drôle avec un regard atypique sur la vie. Si
vous aimez cette émission, sachez qu’il est prévu qu’elle s’allonge à l’automne, le documentaire qui la coupe en deux incongrûment vers 20h sera supprimé et le temps récupéré par Alessandra Sublet. Après cette mise en bouche souriante, sur ARTE angoisse avec Psychose le film d’Alfred Hitchcock (1960). Je n’insiste pas, je suppose que tout le monde l’a déjà vu au moins une fois. Anthony Perkins en Norman Bates, un film génial - sans qu’ici le qualificatif soit galvaudé – et qui me fiche la trouille à chaque fois que je le revois.Mardi passage à la TNT pour les petits vieux. Je m’explique, tout le monde a Internet et presque tous ceux qui ont Internet ont une box pour capter la télé, donc ils n’étaient pas concernés par cette « révolution numérique » comme nous le chantaient les ministres. Ne restaient que les petits vieux qui n’ont pas d’ordinateurs pour s’affoler avant le grand saut dans le futur, ou bien les types comme moi – pas encore tout à fait petit vieux - qui ont un ordinateur mais ne sont pas assez intéressés par la télé pour se payer une box. Je ne reviens pas là-dessus, mais maintenant que nous sommes en numérique est-ce que les programmes sont plus intéressants pour autant ? Non ! Mais ça n’a aucun rapport … ah, bon, bah alors pourquoi tout ce foin … ? Cette parenthèse fermée, je me fixe sur France3 pour le téléfilm Corps perdus avec Bruno Todeschini et Sophie Broustal. Un excellent polar à l’ambiance lourde et pesante dans une ville de province. Un inspecteur qui vient de perdre femme et enfant écrasés par un chauffard, enquête sur le meurtre d’un notaire et tente d’innocenter sa femme, jusqu’au rebondissement final. Bien joué, bien filmé.
Vendredi sur France5, C dans l’air l’excellente émission du non moins excellent Yves Calvi explique parfaitement ce qui s’est passé au Japon, tremblement de terre et tsunami. Tout est parfaitement clair, sans blabla et Calvi est le seul journaliste à savoir interrompre brusquement un participant au débat pour l’obliger à répondre par « oui » ou « non » à une question ou faire reformuler en français simple, une réponse, tout en ne manquant pas d’humour. Le soir sur ARTE, un téléfilm policier Amigo, la fin d’un voyage. Vingt ans après, les membres d’un groupe terroriste d’extrême gauche coupables d’un meurtre politique sont amenés à se retrouver, la police à leurs trousses. La justice doit-elle s’exercer tant de temps après ? « Il y a d’ex-terroristes, il n’y a jamais d’ex-victimes ! » répond l’un des policiers.Samedi après-midi, rugby avec le Tournoi des VI Nations, Italie/France. Si l’actualité dramatique du Japon ne m’obligeait pas à relativiser, j’aurais écrit toute la douleur que j’ai ressentie à voir nos Bleus si minables sur le terrain se faire battre par les transalpins. Ecoeuré par leur prestation, j’ai ensuite zappé entre le second match Galles/Irlande et le football sur Frane4, le quart de finale de la Cup entre Manchester United/Arsenal. Deux matchs assez intéressants à suivre, mais à dire vrai je n’avais pas l’esprit à ça et plus d’une fois j’ai dévié vers les chaînes d’actualités en continue pour suivre la situation sur l’accident nucléaire venu s’ajouter aux problèmes du Japon. Sur ITV, Corinne Lepage a poussé sa gueulante en direct quand un reportage diffusé par la chaîne a fait référence aux « 40 morts de Tchernobyl » (sic !).
Dimanche en début d’après-midi, sur Canal+ dans Dimanche+ un portrait de DSK suivi pendant un an par une équipe de journalistes. Emission assez décevante finalement car il n’y avait pas grand-chose à apprendre, si ce n’est éventuellement retenir cette maxime de Strauss-Kahn « Dépasser le possible, mais ne pas promettre l’impossible ! ». Ensuite sur France2, le Tournoi des VI Nations se continue avec Angleterre/Ecosse. Les valeureux Ecossais contiennent et empêchent les Anglais de jouer, mais ils s’inclineront néanmoins de peu sur le terrain adverse. Le soir, les Britanniques restent à l’honneur avec Inspecteur Gently sur France3. On sait depuis la semaine dernière que l’inspecteur Barnaby est parti à la retraite, c’est George – pas tout jeune lui non plus - qui le remplace dans cette nouvelle série policière. C’est pas vraiment un rigolo au visage rubicond mais ce premier épisode pour faire connaissance n’était pas mal. A suivre.
Comme l’écrit Philippe Muray, ne pas regarder la télé serait se couper de la société et vivre sur une autre planète, cette semaine en est le parfait exemple. Comment ne pas regarder les images du séisme au Japon ou celles venant de Libye ? Mais vivre sur une autre planète, ne serait-ce pas l’idéal, le seul rêve qui vaille désormais quand on voit dans quel état est notre Planète Bleue aujourd’hui ?