A la fin d'un almanach de 1780, on trouve une liste d'accessoires de toilette par où nous connaissons quelques-uns des secrets élégants d'une époque dont l'élégance est restée sans rivale. On y verra combien la conquête de la gloire par les armes de la coquetterie exigea de nos aïeules d'application et d'adresse minutieuse. La table de toilette que décrit l'almanach comporte 200 pièces, et elle est représentée comme fort incomplète. On n'y trouve en effet que 43 eaux de toilette ; il est vrai qu'il faut y joindre 19 sortes de lotions d'alcool et 16 espèces d'essences. Cinq blocs d'alun adoucissaient la peau. On l'oignait de 34 pommades et 11 espèces d'huile. il fallait 5 flacons de vinaigre, 6 boîtes de pâtes, 16 savons, 23 poudres ; 13 sortes de rouge, 20 paires de gants et de mitaines, 15 boites mouches en velours, en satin et en taffetas, des poudres dentifrices, 8 sachets à odeur, 3 flacons de lait virginal et 10 sortes de pastilles destinées à parfumer le souffle.
Ainsi les coquettes à paniers variaient de parfums choisis les plaisirs de leur règne. On aimait alors la nature. Elles la suivaient et elles préféraient la coquetterie, qui est dans l'ordre des choses naturelles, à la propreté, qui n'y est pas.
Ces questions passionnaient leurs contemporains, dignes de les comprendre. Cantü nous apprend qu'en 1773, quelques dames de Vérone ayant diminué l'ampleur de leur garde-infante la cité entière se divisa en deux camps, dont l'un les approuva et dont l'autre les blâma. De part et d'autre on écrivit des libellés injurieux. Les deux factions menaçaient d'en venir aux mains. Elles ne désarmèrent que devant l'intervention du pouvoir suprême et des magistrats de la République.