Sur la ville imaginaire de Camorr règne en maître le roi des fripouilles : menteur, voleur, magouilleur et manipulateur, la Ronce de Camorr vole les riches, mais ne donne rien aux pauvres, grâce à sa bande de fieffés vauriens. Car La Ronce, alias Locke Lamora, vit dans une ville gangrenée par la pègre, dominée officiellement par un duc, et dans les coulisses par le Capa Barsavi, sorte de parrain mafieux à qui Locke doit allégeance. Entre guerres d'influences et arnaques monumentales, Locke mène sa bande de salauds gentilhommes à la baguette. Mais quand un individu qui se fait appeler le roi gris commence à décimer les chefs de bande du Capa Barsavi, les plans de l'audacieux Locke vont se voir contrariés...
Bienvenue à Camorr, ville très vivante, à la mythologie et à l'histoire distillées ça et là avec doigté. Une ville haute en couleur, et tout en relief, dans laquelle évolue un personnage charismatique, Locke, et sa bande, un groupe de joyeux lurons avec chacun une vraie personnalité : Jean Tannen la brute cultivée, les jumeaux facétieux Calo et Galdo, le jeune et astucieux Moucheron. Les salauds gentilhommes sont des professionnels du déguisement, du mensonge, du vol : à la fois très raffinés et sans scrupules, ils sont organisés et soudés. Une bande somme toute très attachante, bien que ce ne soit pas des enfants de choeur. Locke est l'exemple le plus probant : voleur, meurtrier, bourreau à ses heures, il n'en demeure pas moins le héros, et des plus sympathiques. Certes, le code d'honneur et la morale de Locke ne sont pas les mêmes que les autres. Bien qu'il ait globalement bon coeur, il est capable des pires actes si la fin justifie les moyens.
Un héros donc tout en contraste, dont le passé alterne avec les aventures adultes de Locke. D'un orphelin dangereux et inconsidéré, Locke se mue progressivement en un chef de gang mûr et réfléchi. Sous l'égide du père Chains, un faux prêtre, il apprendra aussi bien la cuisine, les langues et la manipulation. Un passé qui aide à comprendre les actions présentes de Locke et qui met en place la vie camorrienne.
Rythme rapide et style fluide, parfois oral, contribuent à l'atmosphère dynamique et chaleureuse de la ville de Camorr, que l'on imagine un peu comme Venise, ce à quoi contribue la couverture. Le monde de Locke Lamora se dessine peu à peu : au programme, magie et complots dans un monde cruel où les condamnations à mort sont imaginatives et la torture commune. A ce monde très fouillé, très détaillé s'ajoute une intrigue bien ficelée, et même, osons le dire, palpitante. En somme, de mon point de vue c'est un coup de coeur !