BirdPen, c’est le 2nd projet musical de David Penney (Archive), en collaboration avec son acolyte Mike Bird – compagnon de Coda et Spacestation 54 – et James Livingstone Seagull à la batterie. Malgré les apparences, le nom de BirdPen n’a rien à voir avec un quelconque "stylo oiseau" malgré la fascination pour les oiseaux – corbeaux ou oiseaux enduits de mazout ? - que leur univers laisse entrevoir. Quoi de plus normal, pour une formation composée de deux meilleurs amis, que de lui donner leurs noms, Pen et Bird? Et même si On/Off/Safety/Danger est dans les bacs depuis maintenant presque trois ans, il mérite qu’on s’y attarde.
L’intitulé de ce premier album, atypique, nous donne une idée précise de ce qui nous attend à l’écoute des onze chansons : un monde devenu incertain et régi par les lois des machines et des technologies qui ont pris le pas sur la philanthropie. Le tout est transporté par un son proche de celui d’Archive – figure du trip-hop -, teinté d’un rock alternatif tantôt farouche, tantôt délicat mais incisif, propre à BirdPen. L’électronique y est présente sans y prendre trop de place. L’artifice y est laissé de côté au profit de sonorités plus brutes mais toujours douces pour nous laisser rencontrer un futur apocalyptique mais rempli de poésie, où ces oiseaux tentent de survivre (avec une Breaking Precedent introductive à ce monde abyssal qui lui succède) tout autant que de s’approprier les créations d’une humanité confrontée à l’éternelle opposition entre la nature et les machines qu’elle a créé (The Birds and the Antennas). Alors qu’ils sont les êtres les plus libres qui existent, les oiseaux restent condamnés à cohabiter avec des hommes meurtris (Airspace, Man on Fire, Thorns) à la recherche d’une issue avec le renfort de cet Admiral Red, figure de la Libération.
Avec un rythme rappelant les pas d’une armée de machines, Off nous emporte vers la panique face à la perte du contrôle illustrée par la métaphore de l’ "âme volée jetée dans les déchets" ("Somebody stole my soul and threw it with the rubbish, i couldn’t stop it"), criante de vérité face un monde irréel mais concevable, à la Orwell. Et les musiciens d’insister sur les angoisses présentes au fil des chansons avec Machines live like ordinary people dans laquelle ils rappellent leur attirance pour les machines, soutenue par un son saccadé voire haché et affolé, et dont les propos ne peuvent que nous rappeler l’histoire déroutante d’I Robot (Isaac Asimov). Un Cold Blood conclusif, calme et acoustique, nous ramène dans la réalité sans pour autant réfuter les images qui viennent de s’enchaîner dans notre esprit. C’est donc sur une mélodie toujours ténébreuse mais subtile et des mots éternellement saturniens, accompagnés par une voix toujours adéquate, que le premier chapitre de cette histoire s’achève.
Au final, il nous est impossible de ne pas attendre avec empressement le successeur de cet album d’un groupe prometteur qui, avec seulement onze chansons, arrive à nous transporter dans un monde effrayant mais sensible, presque fantasmagorique mais troublant, invitant à attendre la fin du monde avec le sourire, et porté par des sonorités déjà propres à une formation qui pourtant ici, signe sa première œuvre.