Les « hockey moms » ont peur

Publié le 13 mars 2011 par Jclauded
Depuis la blessure au cerveau de Sydney Crosby, le jeune joueur professionnel par excellence du hockey sur glace, au potentiel de devenir le plus grand joueur de tous les temps, et le récent accident au jeune Max Pacioretty du Canadien de Montréal, aussi touché au cerveau, les « hockey moms » ont peur.
Ce sont elles, les mamans, et leurs maris qui encouragent leurs jeunes enfants à joindre les rangs de clubs d’hockey dès l’âge de huit ans. Les enfants y apprennent tous les rudiments du jeu avec des entraîneurs en affrontant leurs copains dans des matchs réguliers de ligues. C’est fort intéressant de les voir progresser d’année en année, se motiver pour améliorer leur coup de patins et devenir des joueurs de plus en plus habiles et complets. Ils progressent de la ligue Atome à PeeWee à Bantam à Midget et enfin à Junior AA.
Cela peut durer de 10 à 12 ans. Pour les parents, ce n’est pas une mince tâche car ils doivent se lever tôt, voyager sur de longues distances jusqu’aux arénas tout en s’occupant des autres membres de leur famille. Et cela, sans compter les frais très onéreux pour les costumes, les patins, les bâtons, les casques, etc… Plusieurs s’imposent de gros sacrifices pour assurer que leurs petits puissent rivaliser avec leurs amis.
Puis vient le rêve… A voir évoluer leurs jeunes de mieux en mieux d’année en année, les parents se mettent à projeter et à rêvasser. Ils les voient se rendre jusqu’au hockey professionnel, à la ligue Nationale (LNH), où les millions $ les attendent. Cela les motive, les encourage à persister, à investir davantage de temps et d’argent, à voyager plus loin car avec le temps les matchs sont régionaux, interrégionaux et provinciaux.
Mais à 15 ans, le jeu change. Dorénavant, ce sera le hockey de contact. Le jeu est plus dur, plus dangereux, les blessures plus nombreuses. Les parents croient que tous les équipements modernes, qu’ils achètent à gros prix, protègent bien le corps de leurs fils. Malheureusement, ce n’est pas exact.
Cette année on estime à 75 le nombre de joueurs de la LNH qui subiront une commotion cérébrale. Les causes sont accidentelles ou suite à des coups vicieux de la part de l’adversaire. Quelque soit la raison, c’est inacceptable ! Le malheur, c’est que cela n’émeut pas les dirigeants de la ligue. Pour ces derniers, c’est le marché américain qui réclame un jeu rude pour remplir les estrades. Pourtant leur jeu national, le baseball, n’est pas rude et attire plus de spectateurs que tous les autres sports professionnels. Il est d’une finesse et d’une rapidité étonnantes.
Pour les propriétaires d’équipes, modifier l’allure actuelle des matchs est un risque financier. La santé des joueurs… ils s’en foutent !
Seul, le président du Canadien de Montréal, Geoff Molson, s’est élevé contre la récente décision du commissaire du hockey de ne rien faire suite aux blessures à Pacioretty, mais il s’est vite fait rabrouer par ses collègues.
La Presse rapporte les propos du joueur-étoile du Canadien Michael Cammalleri: « Il faut changer la culture, le hockey est plus rapide, les joueurs plus gros et le résultat des traumatismes plus prononcés qu’avant. Avant, une mise en échec causait une épaule endolorie, aujourd’hui une déchirure. Les commotions cérébrales sont plus nombreuses ». Et il ajoute : « en ne suspendant pas Chara (celui qui a blessé Pacioretty) la ligue semble dire : c’est correct de tuer un gars si c’est à l’intérieur de nos règlements! ». C’est la loi de la jungle.
La LNH doit changer. Les arguments de ses dirigeants ne tiennent plus. Les mentalités doivent évoluer. On ne peut continuer à risquer la qualité de vie future des joueurs. La stupidité a ses limites.
Pour réconforter les « hockey moms », les règles du jeu doivent être revues pour rendre celui-ci moins violent (par exemple, « interdire les coups par derrière, les placages contre la bande et les coups à la tête »).. et les équipements améliorés. Mais, il faut savoir que des médecins renommés affirment que les casques protègent contre les fractures du crâne mais estiment impossible de concevoir un casque protecteur pour éviter les commotions cérébrales.
Le jeu que pratiquent les joueurs aujourd’hui, ils l’ont appris avant d’arriver à la LNH. Il est temps que tous les responsables du hockey amateur et les « hockey moms » soient bien informés sur les dangers du hockey. Les futurs joueurs doivent être mieux éduqués. Ils doivent apprendre à mieux respecter leur corps et leur cerveau et ceux de leurs adversaires. Leurs entraîneurs doivent revoir leur enseignement. La culture doit changer.
Enfin, tous les intervenants de notre sport national et nos gouvernements doivent concerter leurs pressions sur la LHN pour faire changer les règlements. J’estime que non seulement cela protégera les jeunes mais que cela rendra le jeu encore plus rapide, plus intéressant et mettra davantage en vedette l’habileté réelle de chaque joueur. Le hockey olympique est un bon exemple. Le hockey féminin aussi.
Si rien n’est fait par la LNH, je crois que les « hockey moms » et leurs maris, qui aujourd’hui ont peur, se doivent de remettre en question une carrière possible de hockey professionnel pour leurs enfants dès le moment où le hockey pour leurs jeunes devient un jeu de contact. Les millions de $ n’en valent pas la chandelle !
Claude Dupras