Peu de temps cette semaine, mais un intéressant rapport de la CLCV, très bien étoffé par Planète-Info, à lire quand vous avez un peu de temps, c'est assez long mais vaut le détour...
Luc.
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© C. Magdelaine / notre-planete.infoLa CLCV (association nationale de consommateurs et usagers "Consommation, Logement et Cadre de Vie") a récemment publié une enquête axée sur les attitudes de consommation liées aux produits issus des filières équitables, en France. Cette dernière fait référence à un sondage qui avait été effectué en Septembre 2009 par l'Institut Globescan afin de connaître l'avis des Européens quant au commerce équitable.
Rappel sur le commerce équitable
Le commerce équitable, qu'est-ce que c'est ? A la base, il s'agit tout simplement d'être altruiste en consommant des produits issus de filières différentes du commerce classique.
Pourquoi consommer ces produits-là ?
Les articles issus de filières équitables (souvent des pays du Sud vers les pays du Nord) sont qualitatifs et sortent souvent de l'ordinaire. Ils permettent à des petits producteurs dans les pays du Sud de travailler et de vivre dans de meilleures conditions (rémunération de base plus élevée que sur le marché local, pas d'exploitation illégale des enfants) que s'ils distribuaient localement leurs produits, ou en passant par les schémas habituels.
L'intérêt de consommer au Nord des articles produits de façon éthique dans les pays en développement s'applique notamment pour des matières premières que nous ne trouvons pas dans nos contrées (chocolat, café, thé pour ne citer qu'eux).
Cependant, depuis plusieurs années, certaines alternatives Nord/Nord se développement. Les Biocoops avec leurs filières « ensemble pour plus de sens » se positionnent en faveur des transformateurs et fabricants de France. De même, le mouvement des AMAPs (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) permet à des citoyens de soutenir des projets en agriculture locale (et souvent biologique). Et la marque AlterEco compte lancer en Mars 2011 une gamme « Nord-Nord » afin de promouvoir l'agro-écologie. De cette façon, les « locavores » risquent de trouver leur bonheur.
Oui, mais le commerce équitable, c'est plus cher...
Pas toujours ! Souvent, les distributeurs ont une marge sur les produits qu'ils distribuent. Cependant, dans le prix de base d'un article (Sud/Nord), un certain pourcentage est dédié à un projet social (construction d'une route, d'une école, d'un hôpital...) bénéficiant aux travailleurs, ainsi qu'à leur communauté. Dans des projets Nord/Nord comme les AMAPs, il s'agit d'instaurer une réelle solidarité entre l'agriculteur et les consommateurs.
Résultats de l'enquête sur le commerce équitable et les Européens
Sur les 669 sondés de cette nouvelle étude – composée majoritairement de retraités (36%) et d'employés (32%) – 42% se disent prêts à payer 5% de plus pour un produit issu du commerce équitable, tandis que 17% refusent de payer plus cher. Malgré tout, il ressort que les personnes prêtes à dépenser plus aimeraient avoir la certitude que les petits producteurs du Sud sont mieux traités que dans des filières commerciales classiques.
On observe une corrélation positive entre le « degré de connaissance » de ces produits alternatifs et l'aptitude qu'ont les consommateurs à les repérer dans les rayons de GMS (Grandes et Moyennes Surfaces).
On notera que les 60 ans et plus sont 10,7% à connaître une « grande quantité » de produits du commerce équitable, suivis de près par les 20-40 ans (avec 10,1%). Cependant, dans cette dernière catégorie, on trouve 13,5% des personnes ignorant ce que sont les articles équitables.
Les consommateurs restent globalement méfiants
A la question « Si vous cherchez des informations fiables sur la manière dont les supermarchés traitent leurs fournisseurs, à quelle source feriez-vous confiance ? », les individus interrogés affirment à 74% faire « entièrement confiance » aux associations de consommateurs, suivent alors les labels avec 37% de réponses.
De cette partie de l'enquête ressort le fait que les consommateurs se méfient des supermarchés comme source d'informations concernant le commerce équitable, notamment à cause de leurs intérêts économiques à vouloir dégager des marges toujours plus grandes, et sans forcément prêter l'attention nécessaire aux producteurs du Sud. De plus, la jungle des labels (Max Havelaar pour ne citer que le plus connu), des marques commerce équitable (Ethiquable, AlterEco), et des MDD (Marques de Distributeurs) égare le consommateur non averti, qui finit par interpréter que le commerce équitable est une simple action humanitaire – ce qui n'est absolument pas le cas.
Le Gouvernement, les labels – très controversés -, les supermarchés, les intermédiaires sont des sources d'informations considérées comme peu fiables par les consommateurs interrogés.
Quelques leviers notables de l'étude du CLCV
- Il reste encore une forte possibilité de sensibiliser les « consom'acteurs » (et les consommateurs classiques) aux enjeux du commerce équitable. C'est en partie pourquoi la Commission Nationale du Commerce Equitable (CNCE) a été crée en Avril 2010.
- Les GMS doivent continuer à améliorer leur façon de distribuer et de mettre en avant les articles issus de filières équitables (par exemple : rayons spécialisés, PLV, prospectus à la caisse...).
- Les organes de labellisation ont un travail de fond à faire afin de retrouver une crédibilité certaine aux yeux des consommateurs, de mieux en mieux avertis, et donc de plus en plus vigilants lors de leurs achats.
- Les associations de consommateurs doivent continuer leurs missions sur le terrain, afin de permettre aux utilisateurs d'avoir accès à une information transparente et de qualité.
Source
L'enquête de la CLCV sur les produits du commerce équitable en France pointe la responsabilité des professionnels - CLCV