Le vendredi 11 mars a eu lieu au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, dans les cadres des soirées Save my Slam, la projection du documentaire On s’accroche à nos rêves de Keira Maameri. L’évènement s’est fait en présence de la réalisatrice, avec laquelle la salle a pu débattre après le film. Ce documentaire d’environ une heure, pose la question du Hip-hop au féminin. Quatre jeunes femmes, la danseuse Wagali, la graffeuse Lady Alexia, la rappeuse Princesse Aniès et la DJette DJ Pom, nous exposent leur parcours. Des difficultés au début à se faire accepter en tant que femme, jusqu’à une certaine forme de reconnaissance due à la persévérance mais surtout au talent.
Ce portrait intimiste, ou plutôt ces portraits intimistes entrecroisés sont très touchant, parce que d’une part ils nous livrent des femmes de caractère, et, d’autre part parce qu’il montre un milieu réputé très machiste mais qui n’est tout de même pas impénétrable à celles qui osent tenter leur chance et s’accrocher à leurs rêves.
L’autre question, qui m’est venue après la projection, est celle du Hip-hop français. Quel est son statut est-ce une sous-culture, au sens d’A.K Cohen, entachée du soupçon d’être une occupation de « racaille » en mal de dépravations, dégradations et autres offenses aux bonnes mœurs ; ou au contraire a-t-il réellement gagné le droit de cité en s’invitant dans les musées, les théâtres et autres hauts-lieux de la culture bourgeoise.
Le débat revient toujours dans les mêmes tensions sociales, à savoir qu’est ce qu’une culture légitime et qui décide de la légitimité d’une culture.
Depuis qu’en France le Hip-hop a largement déserté les plateaux télévisés pour céder la place aux artistes de la « nouvelle scène française » et qu’il a été rapatrié manu militari dans des caves d’où, pour certains, il n’aurait jamais du sortir, on sait qu’en France le rap n’est pas considéré comme une vrai musique et le Hip-hop comme une vraie culture.
Le vocable de sous-culture que j’ai utilisé plus haut ne signifie pas, d’après le concept d’A.K Cohen, qu’il s’agisse d’une culture au rabais, mais d’une culture élaborée en marge des codes de la culture dominante. Il n’y a donc pas de notion de légitimité en jeu quand on parle du Hip-hop comme d’une « subculture » dans l’espace anglo-saxon. En revanche la mauvaise traduction de sous-culture, même si elle ne met pas non plus en jeu de notion de légitimité, est hélas aujourd’hui, si on ne considère pas sa dimension sociologique, adéquate pour désigner le statut du Hip-hop en France.
On s’accroche à nos rêves, ça paraît une belle phrase pour commencer une histoire dans laquelle des tas de gens se mobilisent pour ressortir de la cave.
En tout cas c’est avec hâte que j’attends la projection du dernier documentaire de Keira Maameri, Don’t Panic, le 26 mai à l’institut du monde arabe. J’espère que vous y serez nombreux.