La force du débat, c’est qu’il permet de clarifier les positions. Le débat sur la place de l’islam en France, organisé par l’UMP et JF Copé a tout de suite permis de clarifier certaines positions. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, s’est positionné comme hostile à ce débat.
Je ne reviens pas sur l’éternelle manie qu’ont ceux qui refusent le débat sur l’islam, et consistant à assimiler religion et politique, culture et race, sans aucune vergogne. Cela montre l’étendue des dégâts provoqués par le politiquement correct. A force de ne rien vouloir discriminer, on confond tout.
Ces prises de positions de musulmans influents montre une chose (à ceux qui veulent bien regarder la réalité en face) : les responsables musulmans, en France, ne sont pas « modérés ». Boubakeur se positionne comme un ennemi du débat, et montre une image bien intolérante des musulmans. Je pense que tous les musulmans modérés (ceux qui veulent une séparation nette du religieux et du politique, ceux qui veulent que les femmes soient libres) doivent justement se sentir trahis. Pourquoi donc un musulman ne voudrait-il pas débattre de la place de l’islam en France ? Qu’y a-t-il à cacher ici ?
La raison, criante, effarante, en est simple : il a plus à perdre à ce débat qu’à y gagner. Boubakeur sait très bien ce qui va sortir d’un vrai débat sur la place de l’islam en France : il devra, lui, se positionner clairement sur un certains nombre de sujets. Et il risque de perdre une bonne partie des croyants qui fréquentent sa Mosquée : les modérés s’il se positionne comme un radical, les radicaux s’il se positionne comme un modéré.
Quels cas de figures sont possibles ? Il y en a – basiquement – quatre :
- Premier cas de figure : Boubakeur est un modéré, démocrate et laïc, et la majeure partie de sa communauté est modérée. Dans ce cas, il n’aurait bien sûr jamais demandé l’annulation du débat.
- Deuxième cas de figure : Boubakeur est un modéré, et la majeure partie de sa communauté est radicale. Sa prise de position ne serait alors que le fruit de la pression qu’il subit, ce qui en dit long à la fois sur son courage, et sur la modération d’une partie des musulmans.
- Troisième cas de figure : Boubakeur est un radical, et la majeure partie de sa communauté est modérée. Dans ce cas, sa prise de position est un suicide « politique » : il se coupe de ses soutiens, et quittera rapidement son poste.
- Dernier cas : Boubakeur est un radical, et la majeure partie de sa communauté est radicale. Sa prise de position est alors parfaitement compréhensible. Compréhensible, mais inquiétante.
Le premier et la troisième cas de figure sont complètement improbables. Il faut en effet toujours accorder aux gens un minimum de cohérence, et de sens de leur propre intérêt. Il reste donc deux cas de figures. Lesquels ont un point commun : il semble bien qu’une partie de la communauté musulmane – celle qui fréquente de près ou de loin les mosquées et les responsables musulmans – est peut-être moins « modérée » que ce qu’on veut bien dire.
Voilà bien tout le problème ; qui ne se résoudra sûrement pas en évitant le débat, indispensable, urgent.
Article paru sur Expression Libre, membre du Reseau LHC.