C’est sur rendez-vous et accompagné d’un guide que vous pousserez les portes de ce musée qui présente plus de 25 000 drogues ; comprenez toute substance naturelle conservée par séchage destinée à la préparation de médicaments.
A mi-chemin entre le cabinet d’apothicaire et le sanctuaire interdit, le musée prend place dans une surprenante salle cathédrale où baignent une atmosphère presque intemporelle et où dorment fioles et bocaux parfois bicentenaires. L’établissement présente les collections des maîtres apothicaires du siècle des Lumières, les butins rapportés par les explorateurs du XIXe siècle et suite à des recherches scientifiques au sein des anciennes colonies. Les spécimens exhibés lors des expositions universelles prennent encore place dans leur mobilier et vitrines d’origine comme la surprenante pagode de l’exposition de 1889, présentant les poisons employés par les chasseurs africains et indiens : curare en tube, flacon et calebasse, sarbacanes et carquois chargé de flèches empoisonnées.
Les amoureux des voyages auront bien de quoi s’évader ! Plantes en bocaux ou conditionnées en jus, remèdes chinois (ginseng, hippocampes, oothèques de mantes religieuses, tableaux d'acupuncture), épices (poivres, vanille et cannelle), plantes à caféine, cacao, thé, café…
Au fil des vitrines et étagères, la visite guidée sera riche en anecdotes. On apprend en découvrant les boîtes vintage Menier (inventeur de la fameuse tablette de chocolat) et Van Houten (celui du cacao soluble encore dans nos bols d’aujourd’hui), que le cacao était d’abord un produit pharmaceutique servant d’excipient pour les suppositoires ( !). Le visiteur découvre également que le célèbre coca-cola, bien utile pour les maux de ventre, ne serait pas une invention américaine mais corse avec le vin Mariani breveté en 1863. Cette boisson tonique fabriquée à partir de feuilles de coca macérées dans du vin inspira fortement le pharmacien John Pemberton qui remplaça le vin par du soda et la coca par des extraits de noix de cola ; un breuvage racheté par Asa Candler en 1892, fondatrice la Coca-Cola Compagny ! Le public découvre enfin les vertus des écorces de quinquina rapportées en Europe par les Jésuites, qui sauvèrent Louis XIV souffrant de paludisme après avoir trop pataugé dans les marais de Versailles lorsqu’il en supervisait la construction. C’est cette même plante qu’on retrouve aujourd’hui dans le Gini et le Schweppes !
Malgré une scénographie d’un autre âge (mais avec beaucoup de charme), le musée n’est pas un lieu mort. Les collections ne cessent de s’enrichir au fil des travaux de recherche et les échanges intra-laboratoires. Cependant, comme nombre de musées universitaires, il reste un lieu où il est difficile d’y pénétrer, à moins de pouvoir justifier d’une investigation. Heureusement, portes ouvertes et fêtes de la Science nous donnent ponctuellement l’occasion de découvrir ce patrimoine médical.
Pour aller plus loin :
Quelques infos pratiques : 4, avenue de l’Observatoire, RER Luxembourg, ouvert sur rdvs auprès du Professeur François Tillequin (01 53 73 98 04), entrée gratuite.
L’historique du musée et ses collections en détail : http://www.pharmacie.univ-paris5.fr/pharmacognosie/musee.htm
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