Chronique des allumés de la gâchette

Tuer, c'est comme une drogue. On est dans le domaine de l'addiction. Le flingue doit toujours être à portée de l'index, comme la bouteille à proximité des lèvres.
Ainsi, c'est fou le nombre de chasseurs qui rangent leur fusil dans le coffre de leur caisse, même quand la saison est terminée.
Certes, c'est une façon de se rassurer, de se dire que s'ils sont attaqués par des lapins de garenne, ils pourront exercer des représailles sanglantes mais à la vérité, ils ont besoin de cette béquille.
Malades, ils le sont mais ne le réalisent pas. Même devant le juge.
Regarde ce chasseur de 30 ans qui confirmait à la barre : "Je sais me servir d'un fusil en tant que chasseur, je ne suis pas maladroit."
Pourquoi il comparaissait (jeudi 10 mars) devant le tribunal correctionnel de Brive ? Parce qu'il était allé chercher son fusil de chasse dans le coffre de sa bagnole et avait visé tout un groupe de joueurs de football à la suite d'un match plutôt heurté.
Son équipe avait pris une tôle et vexé, au sortir des vestiaires, il avait donc menacé des gars de l'équipe adverse avec sa pétoire.
Tout ça, c'est excellent pour l'image de la chasse, surtout qu'il y avait des gosses sur les terrains. Quand ces derniers verront les viandards débouler dans leurs salles de classe pour faire la promotion de leur loisir à la con, ils sauront à quoi s'en tenir !
Cela étant, je t'invite encore une fois à la plus extrême vigilance dans la vie de tous les jours. Je ne parle même pas de tes envies de promenades dans la forêt en automne...Définitivement, évite ! C'est chasse gardée...La nature appartient à la racaille des talus de septembre à février. C'est clair ?
Non, je te parle du quotidien modeste et banal, faire ses courses par exemple. Fais gaffe à ne pas passer devant un chasseur en faisant la queue à la caisse...Il serait capable d'aller chercher tu sais quoi dans la voiture et de t'en mettre une dans la cafetière.
Souviens-toi, le risque est sérieux, ils sont près d'un million de déséquilibrés.