M.A.L.E.N.T.E.N.D.U. (c'est bien le mot)

Publié le 13 mars 2011 par Maurice Puault

M.A.L.E.N.T.E.N.D.U. (c'est bien le mot)

Je viens de lire le commentaire de Laurent Quénéhen sur le fil "élections cantonales X-ième".

(http://lesgrands-champs.over-blog.com/article-elections-cantonales-x-ixiemes-suites-69071369-comments.html#comment78255931)

Je comprends en lisant cette réponse qu'elle devrait être attachée à mon texte précédant (http://lesgrands-champs.over-blog.com/article-le-billet-de-jean-luc-du-10-mars-2011-69071657.html), et qu'elle m'est destinée.

Une saine colère de la part du patron des Salaisons. Des mots justes. Touché le Jean-Luc ! le nez écrasé dans son bla-bla.

Par quel bout reprendre le fil ?

D'abord dire que je me sens frère d'armes avec Laurent.

Je sais, les Salaisons ne sont pas un squat, mais les dix ans de squat artistique que j'ai au compteur (trois ans de classes à Ssocapi, à Pastourelle puis Place de la Bourse, sept ans de boulot au 59, rue de Rivoli ensuite, en laissant pour négligeables les expériences à Montreuil ou à Vincennes) m'ont appris sur la vie d'un lieu artistique autogéré.

"Ouvert, gratuit, pas une thune, il pleut à l'intérieur"... c'est bien ça.

Et puis les meubles, la vaisselle et le matos pour bosser qu'on trouve dans la rue. La promiscuité avec des frères et sœurs qu'on trouve aussi dans la rue. La nourriture en limite de péremption, donnée par des commerçants généreux, et que l'on partage. La nécessité de se tenir sur le qui-vive nuit et jour pour éviter de se faire prendre son lieu de vie et de travail (à qui aller se plaindre ?). Les luttes violentes d'individus pour fabriquer des règles, pour construire une autorité stable sans laquelle rien ne dure.

Et malgré toute cette énergie dépensée pour la vie quotidienne, la force qu'il faut savoir garder pour faire encore son boulot de peintre ou de sculpteur, dans l'espoir d'échanger ce travail contre un revenu.

J'ai envie après ça de parler directement à celui qui donne de sa peine pour faire vivre les Salaisons. Un tel lieu artistique est précieux à Romainville, Maurice l'a rappelé.

Je n'avais pas l'intention, Laurent, d'allumer les Salaisons. Même pas celle de me payer gentiment la tête de Vincent Corpet (je l'ai écrit, je ne connais ni le gars, ni son travail ; il se peut que ses oeuvres me plaisent, et il n'est pas exclu que nos tempéraments s'accordent). Vraiment, le texte de l'annonce m'a fait marré, et m'a mis sur la piste d'un sujet qui me tient à cœur : la désintoxication nécessaire du langage. Certains le savent déjà ici, c'est une de mes marottes.

On me connaît un peu maintenant, je suis taquin (salut à l'ami Jérôme, du blog Villa Solea, qui a su ne pas m'en vouloir). J'accepte en retour qu'on se paye ma tête si j'ai déconné. Pas facile de créer des liens, et je veux bien en faire les frais aussi. Recevoir - comme François Le Cornec - des tomates pourries ou des noms d'oiseaux ...c'est déjà recevoir quelque chose ! 1)

Relis-moi, Laurent, tu verras, que mes flèches sont pour d'autres 2). Je parle des nuisibles de l'art, que tu connais comme moi, et qui bombinent comme des mouchent autour d'un fruit juteux.

Il y a parmi eux certains politiques, transformés par leurs fonctions, et qui ne comprennent plus rien de la vraie vie. Médicis aux tout petits pieds (d'autant que les bienfaits qu'ils distribuent ne se payent pas de leur propre argent), ils pensent asseoir leur pouvoir sur celui des artistes, ce pouvoir si fragile. Ils ne comprendront jamais que le pouvoir de l'art est étranger à celui auquel ils s'accrochent. 3)

Il y a ensuite tous ceux - galeristes, critiques, journalistes affidés, artistes autoproclamés, parasites et lécheurs de toutes sortes 4)- qui reprennent un discours éculé 5) sur l'art, ce discours fabriqué pour la fortune de quelques mercantis des années soixante. Ils gardent l'espoir, ces bons élèves du système de l'art, de recevoir un jour un peu de monnaie ou quelques médailles 6), pour paiement de leurs années de service.

Mon idée est qu'il faut se garder de tout ceux-là. Pas rompre, non, mais les tenir à distance.

Et s'amuser de leurs travers tant qu'on peut.

Jean-Luc Abiven

PS : j'ai donné le prétexte de "Plus belle la vie" pour faire le mariole, je ne pouvais vraiment pas venir au vernissage hier soir (trop de boulot, mais j'essaierai de passer). 7)

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Commentaires de Maurice

1) Là, il ne faut pas pousser, en a s-tu vraiment envie ?

2) Je suis passé regarder l'exposition hier apr'm, je me suis expliqué avec Laurent et il n'y a plus d'incompréhension.

3) Cela me fait penser à not'champion Romainville, je me trompe ? Est-ce moi qui fais une fixation ?

4) à tel point que de lécheurs, ils sont devenus sus-pet !

5) Là, je ne dis rien, mais le jeu de mots est tellement facile...

6) Et ils les aiment les médailles, un peu comme du temps de l'URSS ! Des placards sur la poitrine.

7) Vas-y, tu ne le regretteras pas ! ET MÊME , ALLEZ-Y TOUS !! Laurent mérite d'avoir nos visites.