On dit que je suis sage, mais je ne puis l’accepter… Je suis étonné, désappointé, content de moi ; je suis en détresse, déprimé et ravi ; je suis tout cela à la fois et ne peux en additionner la somme… Il n’y a rien dont je sois sûr. Ce que Lao Tseu disait : « Tous ont des certitudes, moi seul reste dans l’obscurité » je le ressens dans mon vieil âge. Le monde dans lequel l’homme est né est un monde brutal et cruel, et en même temps d’une divine beauté. La vie a-t-elle un sens ou n’a-t-elle pas de sens ? Probablement -comme pour toute question métaphysique – l’une et l’autre des deux propositions sont vraies. Mais je chéris l’espoir que la vie ait un sens, qu’elle s’impose en face du néant et gagne la bataille.
derniers mots in Mémoires de Carl Gustav Jung