Tibet – Le Dalaï-Lama Annonce l’Abandon de son Rôle Politique !
(De Pékin) Dans un communiqué publié le jour du 52e anniversaire du soulèvement du Tibet, le dalaï-lama a annoncé qu’il avait l’intention de ne plus être le leader politique du mouvement tibétain en exil. Il est actuellement le chef spirituel du bouddhisme tibétain et le leader politique en exil des Tibétains.
Le dalaï-lama se prononce en faveur d’un dirigeant élu démocratiquement, auquel il céderait ses pouvoirs. Cette proposition devrait être entérinée lors de la session du Parlement tibétain en exil, qui débute le 14 mars.
Cette annonce intervient à un moment de tensions annuelles début mars. Ainsi, les touristes qui espéraient découvrir le Tibet peuvent passer leur chemin : les autorités chinoises ont annoncé que la province est interdite aux visiteurs étrangers pendant tout le mois de mars.
Une interdiction qui pourrait même se prolonger jusqu’en avril. Officiellement, il s’agit de questions de sécurité : l’hiver trop froid pourrait se révéler dangereux pour les voyageurs trop sensibles. Difficile à croire quand on sait qu’actuellement, à Lhassa, il fait plus de 10° C dans la journée. Le même temps qu’à Pékin.
Autre motif invoqué : les nombreuses célébrations religieuses qui vont avoir lieu dans les jours à venir ne laisseront aucun hébergement pour les touristes. Car, comme le souligne Zhang Qingli, le chef du Parti de la province, au Global Times, « les Tibétains s’apprêtent à célébrer les soixante ans de la libération pacifique du Tibet ».
Un demi-siècle de confrontations
Ce que les autorités se gardent bien de mentionner, c’est que les Tibétains s’apprêtent en fait à célébrer le 52e anniversaire du soulèvement de leur peuple, en mars 1959. Cette révolte, durement réprimée par les autorités chinoises, s’était terminée par la fuite du dalaï-lama à Dharamsala.
Trente ans plus tard, en 1989, une autre révolte a éclaté en mars, elle aussi violemment écrasée par l’actuel président Hu Jintao, alors secrétaire du Parti communiste de la province. L’ampleur de la répression lui avait valu à l’époque le surnom de « boucher de Lhassa ».
Et plus récemment, entre le 10 et 14 mars 2008, une vague d’émeutes a éclaté à Lhassa. Le Tibet a été le théâtre d’une révolte antichinois où 22 personnes, principalement des Hans, la population majoritaire en Chine, ont été tuées.
Recherche de la stabilité
La presse chinoise ne parle bien évidemment pas des derniers mouvements de contestations qui ont eu lieu il y a trois ans. On préfère mettre l’accent sur l’entrée de l’Armée populaire de libération au Tibet, en 1951. Un événement qualifié par Pékin de « libération du Tibet ».
L‘Assemblée nationale populaire, qui se déroule actuellement à Pékin, couvre bien ces commémorations. On y prône la stabilité de la région : il s’agit de la développer et la rendre plus active au sein du pays.
Le ministre chinois des Transports, Li Shenglin, a ainsi déclaré dimanche que « tous les comtés du Tibet auront des routes pavées d’ici 2015 ». Bien qu’il ne précise pas le coût de l’entreprise, il explique que Pékin va doubler ses investissements afin que presque tous les villages soient accessibles par les grandes routes.
Un nouveau projet de voie de chemin de fer entre la province et le Xinjiang permettrait quant à lui aux voyageurs d’éviter 1 000 km de trajet selon l’agence officielle Xinhua. « Cette nouvelle ligne jouera un rôle signifiant dans le développement de l’économie des régions de l’Ouest », a expliqué Luo Yulin, le vice-gouverneur du Qinghai lors de l’Assemblée.
Photo : le dalaï-lama lors d’une visite à Paris, en 2009 (Pierre Haski/Rue89).
Quel Successeur Pour le Tibet ?
Ce n’est pas la première fois que le dalaï-lama annonce son intention d’abandonner sa fonction politique, mais la première fois qu’il envisage de passer à l’acte. Cette annonce est à replacer dans le contexte de la succession à terme du chef tibétain, qui est âgé de 76 ans.
Une « bataille des réincarnations » est à prévoir entre le gouvernement chinois qui estime que le 15e dalaï-lama devra naître en territoire chinois, et le dalaï-lama qui vit en exil en Inde. Le dalai lama prend les devants en permettant à un leader politique tibétain de prendre son essor de son vivant, coupant ainsi l’herbe sous les pieds de Pékin. Sources : Pierre Haski/Rue89…
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