Le régime d'Alger soutient Kadhafi
Un représentant du Conseil national de transition libyen (CNT), M. Abdelhafidh 'Ouqa, a brandi ce matin devant les caméras d’Al Jazzera une liasse de documents prouvant que le régime d’Alger est gravement compromis dans la crise libyenne. Bouteflika et les généraux ont en effet mis à la disposition de Mouamar Kadhafi un pont aérien destiné à acheminer des mercenaires à Tripoli. Des avions civils et militaires algériens ont transporté des Africains vers la capitale libyenne, afin d’aider…au massacre du peuple libyen ! Michèle Alliot-Marie l’a rêvé, Bouteflika et les généraux l’ont réalisé...
Il fut un temps où l’Algérie était à l’avant-garde des luttes pour l’émancipation des peuples. Cette période est définitivement révolue. L’affaire du pont aérien vers la Libye montre que le soutien de l’Algérie au Sahara occidental n’est plus qu’un chapitre des haines officielles algéro-marocaines. Les peuples, les dirigeants d’Alger s’en foutent. La preuve : qu’ont-ils fait pour libérer les milliers d’Algériens qui croupissent depuis des années dans les prisons libyennes, non jugés, accusés de délits fantaisistes ? Comment ont-ils réagi quand Ben Ali, en 2004, a sorti sa police pour réprimer à la Maurice Papon des supporters du pays voisin, organisant à Sfax une véritable chasse à l’Algérien, soldée par des centaines de blessés ? Ces supporters, qui avaient assisté pacifiquement à plusieurs matchs de la CAN, protestaient parce qu’on leur avait vendu de faux billets et qu’on les a empêchés d’accéder au stade. Eh bien, malgré une condamnation internationale, notre bon ministre de l’intérieur de l’époque, M. Yazid Zarhouni, a félicité la police tunisienne pour son excellent travail !
On n’a pas protesté contre la répression des supporters algériens parce que le peuple, aux yeux des dirigeants de l’Algérie actuelle, est un déchet humain. On n’a pas essayé de libérer les prisonniers algériens de Libye parce qu’ils appartiennent à la classe de la « racaille », si cordialement méprisée par les habitants des quartiers huppés d’Alger. On se plaint de la montée des haines xénophobes en France contre les Maghrébins, mais on oublie le mépris intérieur que les dirigeants maghrébins réservent à leurs populations.
L’attitude de l’Algérie officielle face au massacre des Libyens, en plus d’offrir le spectacle lamentable de deux dictatures qui se solidarisent, est surtout une exportation du racisme intérieur contre les populations locales. Kadhafi a raison de mépriser les siens, de les écraser comme des mouches, parce que je fais la même chose avec les miens.
Quand un régime fait passer son pays du soutien des luttes d’émancipation des peuples vers le soutien des crimes contre l’humanité, quand il déshonore les siens et se dégrade à ce point, on peut pronostiquer qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre.
Lien vers l'interview de M. Abdelhafidh 'Ouqa