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Les dernières paroles de Jean-Marie Le Pen

Publié le 12 mars 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Je sais pertinemment que Jean-Marie Le Pen, quoique désormais retiré de la scène politique au profit de sa fille et successeuse, n’est pas encore mort et qu’aucun message relatif à une éventuelle agonie de l’ex-président du Front National n’a filtré à ce jour. Toutefois, il est permis d’imaginer ce que seraient les paroles du leader historique de l’extrême-droite française s’il venait à devoir quitter cette vallée de larmes dans les jours à venir. Voilà donc ce que ça donnerait probablement ; imaginez celui que l’on surnomme « le menhir » sur son lit de mort avec à ses côtés, sa fille et ses derniers fidèles :

« Marine, ma fille, et vous, chers vieux compagnons de lutte, l’heure est venue pour moi de rejoindre le Führer, mais pour vous, la vie continue. Sachez donc que la lutte pour la Cause sacrée de la régénération de la race doit se poursuivre, et ce, d’autant plus que le contexte nous est favorable. Nos finances ont pu se refaire une santé à l’issue des dernières élections régionales et nous commençons à récupérer les électeurs que Sarkozy nous avait volés. N’oubliez jamais que ce pillage de notre électorat, ce sale hongrois n’avait pu le faire qu’en reprenant nos idées sur la délinquance et l’immigration, signe évident que le terreau français reste favorable à la propagation de nos thèses. De surcroît, si nos électeurs nous reviennent actuellement, c’est pour d’autres raisons.

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« En effet, c’est toujours dans les contextes de crise que nos illustres prédécesseurs ont pu faire la glorieuse carrière que l’on sait. Le Duce a pu conquérir le pouvoir en récupérant les mouvements de protestation et les revendications sociales des Italiens, le Führer a remporté les élections en jouant sur la frustration du peuple allemand face à l’inflation et à l’incurie du pouvoir. Toutes les crises, si elles dégénèrent en désordre civil, favorisent la Cause, et c’est justement pour cela que vous pouvez voir l’avenir du Front avec optimisme. Regardez le contexte actuel : le mécontentement populaire gronde, prend des proportions de plus en plus grandes, le pouvoir refuse d’entendre les revendications et l’opposition de gauche peine à se faire entendre. Le peuple, constatant que les voies légales de la contestation, qu’il s’agisse des élections ou de la grève, sont inefficaces, choisira irrémédiablement la voie de la violence. Nous pouvons faire confiance à la jeunesse pour concrétiser mes dires : on voit des élèves dans les collèges et les lycées qui trouvent parfaitement normal de frapper leurs camarades et de les blesser grièvement (Ndlr : ceci est authentique ; pourquoi l’aurais-je inventé ?).

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« Donc, aussi longtemps que le pouvoir restera sourd aux revendications du peuple en pleine période de crise, la violence ira grandissant, fournissant ainsi pour vous un terrain favorable pour récupérer la frustration et propager nos idées. Sans compter qu’il vous sera facile de faire le rapprochement entre le capitalisme international et l’étranger en général, faisant ainsi des immigrés des boucs émissaires parfaits. Ne craignez pas qu’un nouveau Mendès France vienne apaiser les tensions : quand un homme politique prend la défense des droits de l’Homme, personne ne l’écoute. Il suffit de voir l’échec de la prestation de Martine Aubry au Zénith il y a deux ans pour s’en convaincre. Ne craignez pas non plus une révolution démocratique comme il y en a actuellement dans le monde arabe, les Français sont trop pleutres et trop attachés à leurs petits avantages bassement matériels pour prendre ce risque ; ils ne suivront jamais l’exemple tunisien, tout ce que leur inspire la chute de Ben Ali étant la peur de voir des immigrés maghrébins déferler sur leurs côtes. De toute façon, l’Europe n’a jamais suivi la route tracée à l’étranger : les régimes fascistes se sont installés comme réponse à la crise au moment où Roosevelt lançait le « New Deal ». Croyez-moi, les Français préféreront toujours, en période de crise, s’en prendre aux immigrés, premières victimes de la crise, plutôt qu’aux gros capitalistes premiers responsables de la crise : l’histoire récente l’a prouvé à maintes reprises, la France est un pays de droite et de lâches qui préfèrent s’en prendre aux exploités qu’aux exploiteurs, nous pouvons donc d’ores et déjà nous y sentir en pays conquis.

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« Bref, je vous le dis, mes chers amis aryens : profitez de la situation, vous avez les moyens pour faire basculer le pays dans le giron de notre Cause sacrée ! Ne laissez pas Mélenchon le rouge occuper le terrain ! Partout en Europe, la tentation du protectionnisme s’étale au grand jour ; si vous soufflez sur les braises en reprenant nos thèmes de campagne habituels, l’antiparlementarisme et le rejet de l’immigration, le Front gardera ses couleurs et en finira avec la Gueuse (Ndlr : la « gueuse » est un surnom dont l’extrême-droite affuble la République). Maintenant, laissez-moi seul : je vais bientôt partir. Adieu, et n’oubliez jamais ce que je viens de vous dire. »

Ces dernières paroles du Menhir sont, bien sûr, totalement imaginaires, du moins pour l’instant : reconnaissez que la seule condition pour que ce texte soit véritablement prononcé par le vieux borgne est qu’il soit réellement proche de la mort. Pour le reste… En clair, pour la première fois, je vous recommande objectivement et ouvertement de vous opposer, autant que possible, aux dernières volontés d’un mourant. Allez, kenavo !

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