Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours apprécié le petit écran. Certes, durant les quinze premières années de ma vie, l'accès au tube cathodique (d'alors) était strictement réglementé par une rigueur parentale que seule Urgences réussit à faire fléchir un temps pour aboutir à un compromis de circonstances. Mais pour le reste, j'ai toujours usé pleinement de la poignée de plages horaires dont je disposais.
Pour trouver trace de ma première obsession télévisuelle, il faut sans doute repartir avant l'époque où je devins "sériephile". C'est-à-dire quand j'ai cessé d'être une simple téléspectatrice passive suspendue aux caprices de programmation des chaînes. C'est l'entrée dans les années 2000 qui a marqué ce tournant. Mais auparavant, j'avais déjà connu mes premiers rituels téléphagiques, sans forcément être consciente des symptômes qui transparaissaient. Etait-ce normal de stabiloter méticuleusement le programme tv dès sa réception pour identifier tous les épisodes de la semaine sur le hertzien (en désespoir de cause et parce qu'ils en avaient marre de me voir colorier leur sacro-saint Télérama, mes parents avaient fini par m'acheter un Télé Z sur lequel je pouvais m'adonner à la mise en place de toutes mes complexes stratégies de visionnage) ? Etait-ce habituel de se ruiner en achat de VHS soigneusement étiquetées pour enregistrer lesdits programmes ? Et comment, diantre, avais-je échoué dans la case destinée aux insomniaques de France 2 le jeudi soir vendredi matin très tôt ? Bref, si avant le tournant des années 2000, je n'étais sans doute pas encore "sériephile", j'étais déjà une téléspectatrice assidue et organisée.
La décennie des années 90 a été celle de l'expérimentation. De cette première époque, parmi mes coups de coeur au sujet desquels mes antiques VHS sont alors encore là pour témoigner, on retrouve surtout des séries de M6 (c'est peut-être le moment de vous parler du mauvais temps, du mistral et des problèmes de réception de certaines chaînes hertziennes), avec une certaine tendance à l'aventure et aux voyages spatio-temporels. Parmi les objets de ma vénération adolescente, il y a eu tout d'abord Code Quantum.
Puis lui a succédé un peu plus tard, Sliders : les mondes parallèles.
Mais ma première véritable obsession téléphagique est sans doute celle qui a dû être la plus chronophage que j'ai connue jusqu'à ce jour - A la Maison Blanche devant tout juste l'égaler en temps consacré à la série en dehors du simple visionnage des épisodes. C'est bien connu l'adolescent a généralement le sens de la démesure et l'obsession têtue et facile. Il s'agit d'une série devant laquelle je m'installais lorsque je rentrais du collège. Durant cette heure bénie où je pouvais profiter de la maison pour moi toute seule. Je lui dois mon ouverture sur le web, la découverte des communautés virtuelles de fans, l'engloutissement d'un certain nombre de VHS dans des enregistrements méthodiques, des centaines d'heures passées à lire et écrire mes premières fanfictions et même mes premiers bidouillages de codes html à cette époque où les pages perso à l'esthétique discutable fleurissaient.
Outre le fait qu'elle avait l'avantage de passer à un moment où je pouvais regarder la télévision, il est facile d'identifier les raisons qui ont fait de Highlander ma première obsession télévisuelle. On retrouve déjà dans cette série d'aventure, diffusée de 1992 à 1998 et qui est arrivée en 1993 en France, un ensemble de thématiques clairement identifiées que, des années plus tard, j'aurais approfondies et chérirai toujours autant. Qui a dit que les goûts d'adolescence ne reflétaient pas déjà certaines inclinations ?
Après tout Highlander, c'était une bonne dose d'historique servie par des flashbacks qui permettaient de mêler un présent concret et un passé plus romanesque, ponctué de reconstitutions romancées en costume plus ou moins crédibles ou improbables. C'était une pointe de fantastique et de mythologie pour construire un univers qui flirtait avec un thème que d'autres genres approfondiront, celui de l'immortalité. C'était un cocktail d'émotions et de sentiments. C'étaient des personnages qui passaient rarement inaperçus. C'était aussi une certaine simplicité narrative confortable qu'apportait le manichéisme de son héros, que les évènements et les rencontres imprévues finiront par troubler et remettre en cause, à mesure que la série grandit. C'était du divertissement pour s'évader qui sent bon les années 90, lesquelles marquent tant ses codes narratifs que sa réalisation ou encore ses tenues vestimentaires. C'était également un aller-retour du vieux au nouveau continent, de Paris à Vancouver et cette image des quais de la Seine qui y resteront à jamais associés à cette péniche. Et puis, c'était enfin :
(Methos - saison 3, episode 16)
Au final, je crois que l'attrait de Highlander résidait justement dans toute cette diversité. Il s'agissait d'une série qui offrait une sorte de pont entre les genres, les styles (à un épisode dramatique pouvait succéder un épisode autrement plus léger), les époques et les lieux. C'est sans doute pour cet appel à l'aventure qu'elle constituait que cette fiction a pu me séduire aussi fortement. Elle avait une base qui offrait des possibilités si vastes, si bien que j'ai probablement passé plus de temps à lire des fanfictions qu'à regarder les épisodes. Son concept seul avait quelque chose d'attractif, assez fascinant, qui, encore aujourd'hui, me fait ressentir autant de la nostalgie qu'une sincère affection pour la série. C'était une autre époque, mais elle a incontestablement marqué et forgé à sa manière ma passion actuelle.
Le générique de la saison 1 :