Halal, Police d’Etat

On les aime beaucoup, Eric et Ramzy, vestiges encore debouts d’une époque admirable, celle du début des années 2000 où la plupart des humoristes se limitaient à la scène. Ou à la télévision. Ils ont faits les deux avec beaucoup de réussite, et sont passés, de manière naturelle et parmi les premiers, au grand écran. Ze cinéma, le seul et l’unique. Continuant depuis leur aventure en duo, on ne peut pas dire qu’ils se soient inscrits dans de grandes épopées cinématographiques, mais leur public a la plupart du temps répondu présent.

Et donc nous voilà tous les deux ou trois ans avec le Eric & Ramzy du moment, buddy movie de l’année à la thématique ciblée. Malheureusement, leur filmographie a de moins en moins de choses à offrir, et à part l’admirable Steak (Quentin Dupieux à la barre, ça vous change un film avec brio – un ami), on pioche à droite ou à gauche quelques vannes sympathiques dans un grand néant vide. Là où Seuls Two avait semblé remonter la pente, Halal Police d’Etat sombre dans la comédie douteuse dont le cinéma français à la sombre habitude depuis deux ans. Soit l’avènement par les Ch’tits d’un communautarisme à deux francs, censé titiller la couche populaire des spectateurs de tous bords. Alors oui, en soi, ils ne sont pas les premiers, et non les derniers, à aller en ce sens, et on aura toujours quelques bons gags à décocher vers les habitudes des uns ou des autres. Et si la critique ne porte pas sur la forme, qui est donc celle d’un genre en général, on regrettera qu’Eric avec Ramzy n’aient pas eu l’intelligence de foncer dedans avec plus de finesse. En lieu et place d’un show survolté et très très con dont ils connaissent la recette par coeur, ils s’enfoncent dans une connerie de bas étage mélangé à la va-vite et sans talent par un réalisateur ne sachant trop comment étaler un scénario indigeste et extrêmement idiot.

Les fans hystériques du duo de blagueurs auront sans doute quelques bons moments à passer devant ce film, néanmoins ils seront de moins en moins nombreux. A suivre les dés-aventures de deux policiers marocains, balancés à Paris avec tout le lot de poncifs sur la France, et inversement sur l’arabe débarquant en terre française, saupoudré de la lourdeur (qu’on aime) d’Ericetramzy, entre tueur en série, mission extraterrestre et autres flamboyantes histoire d’amour, ce Halal Police d’Etat se noie dans un verre d’eau, n’offrant que quelques bons gags trop éparpillés dans une mélasse soporifique et sans aucun goût pour l’amateur de rire que nous sommes. Non, vraiment, nos deux humoristes chéris se sont perdus et très loin pour ce nouvel opus, et si on ne les aimait pas tant on crierait au naufrage et à la disparition sans espoir de leurs deux tronches. On parlera donc juste du plus gros navet de l’année, qui il est vrai est encore longue…