Les Journées Henri Jayer à Vosne

Par Mauss

Jacky Rigaux, l'infatiguable défenseur des "gourmets" et des climats bourguignons dont les ouvrages font référence, est l'animateur des "Journées Henri Jayer", des réunions informelles annuelles sur des sujets d'actualité, cette année avec l'aide de Seguin-Moreau.

Je n'ai pu assister qu'à la réunion du jeudi matin où Olivier Humbrecht (Papa Léonard était dans la salle) a expliqué avec beaucoup de modestie et d'empirisme les résultats de sa politique "bio" mise en place dès 1997. Il a donc un réel recul sur l'évolution de ses vignes et de ses vins.

La salle communale de Vosne était pleine, sagement à l'écoute du conférencier et on identifiait quelques grands noms bourguignons comme Nicolas Méo, Jacques Frédéric Mugnier, Arnaud Mortet, Sylvain Pitiot, Liger-Belair, Charlopin (de plus en plus le rocker espiègle de la côte de nuits), Drouhin frère et soeur, et comme chaque année, des confrères d'autres régions vinicoles (Champagne, Pouilly-Fuissé, etc…). Personne de Bordeaux :-(

On sait que le sujet du "bio" est sensible et d'actualité. Si Olivier Humbrecht a bien montré que certains produits (corne de vache) jouaient clairement un rôle dans l'évolution des sols, il avouait sans peine ne pas trop savoir pourquoi et a bien montré que bien des applications (compost) donnaient des résultats évidents et indiscutables sans pour autant qu'on sache toujours comment et pourquoi. 

La salle est vite tombée d'accord sur plusieurs points :

a : le "bio" donne des résultats différents du "traditionnel", mais ces résultats sur le vin peuvent aller du moins bon au meilleur comme l'a souligné fortement Nicolas Méo évoquant des domaines passés en bio et qui font moins bien qu'avant. Jacques Frédéric Mugnier a mis en évidence le fait qu'on avait une forte dose de dogmatisme dans cette histoire et que le fameux Monsieur Steiner n'avait jamais pris une bêche en main !

b : on est arrivé un peu tous à un consensus où le vin est bien le produit final qui doit plaire car le but est bien de le vendre, quand bien même certains utilisent le mot et les logos "bio" comme argument marketing et commercial sans que par derrière le process rigoureux du "bio" soit respecté.

c : la salle a également pris conscience que les excès chimiques des années 60/70 étaient à bannir, mais là encore Nicolas Méo a bien expliqué que le mode "traditionnaliste" y est venu naturellement et que, par exemple, cela fait des années qu'il n'utilise plus de pesticides.

d : alors, le "bio" : quel est son réel avantage ? Là, on entre dans le long terme, dans la défense scrupuleuse de terres qu'il faut transmettre aux générations futures dans un état meilleur. Ce souci de léguer des terroirs plus propres, évident au Domaine de la Romanée-Conti et chez quelques grands noms qui y prennent garde sans en faire une publicité facile restera la conclusion majeure de ce séminaire du jeudi matin.

e : le "bio" entraîne des coûts, notamment en personnel, qui ne sont pas immédiatement assimilables par de petites propriétés, un facteur qui ne peut être écarté des politiques à mettre en place. 

Quelques illustrations ont complétées la conférence d'Olivier Humbrecht avec deux sommeliers comme on n'en fait plus, des trognes incroyables totalement vouées à la Bourgogne, ayant passablement abusé du mot "minéralité" dont on a toujours du mal à comprendre ce que cela sous-entend, mais bon : le riesling Brand était conquérant et un très intéressant champagne (j'ai oublié le nom de ce producteur type Selosse) avec un Château de Beauregard en Pouilly-Fuissé qui tenait la route.

Une assistance studieuse

Heureusement que quelques vrais verres furent mis en place à côté de ces antiquités inao

 

L'Homme du Château Beauregard

L'Homme du Champagne

Jacky Rigaux, Olivier Humbrecht, Drouhin frère et soeur

Des auditeurs particulièrement attentifs

A droite, "le" sommelier qui connaît tous les montrachets, des "comme en on fait plus" !