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Pour se rendre à Meteora, la route la plus direct passe par le col de Kataras, vous faisant monter à 1700 mètres d'altitudes.
Mais si jamais ce col est fermé, est ce fut le cas, un petit conseil, évitez d'y aller vous y promener à pied. Nous, nous y sommes allés, sans nous douter que nous allions vivre une de nos plus
incroyables expériences, mais aussi la plus effrayante...
En effet, après avoir quitté Metsovo, nous nous sommes engagés sur la route de Kataras. Après une bonne montée de 7 km, nous
arrivons à l'intersection où démarre la route du col, et surprise, celle-ci est fermée. Etant à pied, on se dit que cela ne nous regarde pas trop, et que la route doit pouvoir être praticable. Et
puis c'est pas tous les jours où l'on bénéficie d'une route entière rien que pour nous. Alors c'est d'un pas décidé que nous nous lançons.
La route monte toujours, la température chute petit à petit, et la neige se fait de plus en plus présente. Nous en profitons
même pour faire un petit bonhomme de neige, qu'on a appelé Wilson, petite référence au film avec Tom Hanks, "seul au monde", car ce fut la sensation que nous avions, d'être seul au monde, pas de
voiture ni âme qui vive dans les environs, si ce n'est quelques traces d'animaux sauvages. D'ailleurs on nous a souvent dit de faire attention aux chiens sauvages et aux ours qui rodent dans la
région. Pas très rassurant tout ça. Mais nous continuons malgré tout notre route, quelque peu insouciant, et même content de se retrouver un peu isolé de toute civilisation.
Cependant, après trois kilomètres de marche sur une route plutôt dégagée, les choses changent soudainement, quand celle-ci
s'arrête nette devant nous. En effet, la suite de la route est totalement sous la neige, et seules les balises qui la longent nous aident à garder le bon cap. Car oui, nous continuons malgré
tout, et même si pour ça, il nous a fallut marcher sur un mètre de neige, ce qui ne fut pas très aisée, ni très rassurant. En effet, en suivant la route, nous suivons également des traces, et pas
n'importe lesquelles. De grosses traces bien épaisses faites par un animal plutôt imposant, du genre un ours...
Ah qu'elle est belle l'insouciance de la jeunesse! Car oui, nous continuons toujours notre route, toujours aussi bornés. Mais
voilà, la nuit n'est plus très loin, la température est de plus en plus basse, et il y a de plus en plus de neige sur la route, bien plus d'un mètre même. Et avancer dans de telles conditions,
sans le matériel adéquat, relève un peu de l'exploit. Chaque pas est un vrai défi, et chaque kilomètre parcouru en parait cinq. Mais nous essayons de continuer malgré tout, en espérant trouver
une petite cabanette pour passer la nuit. On en a vu tout le long de la route, donc il n'y a pas de raison qu'on en trouve pas une autre.
Après un peu plus d'un kilomètre de marche insoutenable et à bout de force, nous apercevons une lueur d'espoir au loin, comme
une maison. Abandonnée ou pas, qu'elle importance, c'est notre seul chance. Nous employons alors nos dernières forces pour la rejoindre, et même si elle ne se trouvait pas très loin, croyez-nous,
les derniers 500 mètres furent une vraie torture physique. Mais petit à petit, pas par pas, le tout accompagné de nombreuses mini-pauses, nous y parvenons enfin ! Et ce que nous avions aperçu se
relève être en fait un genre de chalet situé près d'une station de skie. Et celle-ci possède une genre de grange à coté, laquelle est ouverte et qui en plus, semble être plus ou moins à l'abri
des intempéries qui nous attendent...
En effet, nous nous trouvons au sommet du col, à environ 1700 mètres d'altitudes, et nous ne sommes pas au bout de nos
surprises. Car à cette altitude, le temps ne vous fais pas de cadeaux et peux changer brusquement d'une minute à l'autre. Et laissez-moi vous dire une chose, ce fut un véritable calvaire! Pour
tout vous dire, nous sommes restés bloqués quatre jours sur le col de Kataras. Non pas pour nous amuser non, loin de là, mais c'est-à-dire que nous avons du faire face à une belle tempête de
neige, chose à laquelle nous ne sommes pas vraiment habitués. Mais nous avons improvisés comme on a pu, et nous nous en sommes plutôt bien sortis.
Tout d'abord nous avons passés les deux premiers jours dans la grange, où nous nous sommes occupés à maintenir notre feu allumé
jour et nuit. Car bien que nous soyons dans la grange, cela ne nous abrites pas trop du froid car les portes ne se ferment pas, et la température à plus que chutée. Nous avons même enregistré la
plus basse température que nous ayons jamais rencontrés jusqu'à maintenant ; -18 DEGRES CELSIUS!!! Non ce n'est pas une blague! Et vous voulez savoir quoi? A -18° C, eh bien on se les
gèle vraiment, et pas que nous, en fait tout gèle, y compris notre eau. Et bien que nos duvets sont prévus pour du -26 (en extrême), les nuits ne furent pas vraiment chaudes, et ce même avec le
feu à coté.
C'est pourquoi, le troisième jour nous décidons de voir s'il n'y a pas un moyen de rentrer dans le chalet, chose à laquelle on
n'avait pas pensé avant. On aimerait éviter d'y rentrer par infraction, mais s'il faut en arriver là, on n’hésitera pas! Mais nous avons eu de la chance en fait. En effet, on n'avait pas vu
avant, mais il y avait une fenêtre entre-ouverte cachée derrière un gros tas de neige. Donc après l'avoir dégagé, nous y sommes rentrés afin de mieux nous abriter. Et apparemment, le chalet
semble abandonnée depuis un bon moment, depuis 2005 si on en croit les dernières notes trouvés sur place. En tous cas, il est bien sympa, avec des chambres, des lits, des toilettes et une
cheminée. Tout n'est pas fonctionnel, mais cela sera bien suffisant, même si la température à l'intérieure est toujours négative, -10°. Mais un petit feu dans la cheminée réchauffera
l'atmosphère.
Ceci dit, c'est bien beau tout ça, mais il faudrait peut-être penser à partir. Surtout que nos réserves de nourritures sont au
plus bas, et ce malgré qu'on se soit privé un peu en ne mangeant qu'une fois par jour depuis que nous sommes ici. C'est dur! Et bien que temps se soit amélioré, les routes sont toujours
enneigées, et la tempête n'a pas arrangé les choses car cette fois-ci, c'est plus de 1m50 de neige qui recouvre la route, et avec nos petites chaussures de randonnés, on n’ira pas bien loin,
surtout que le prochain village se trouve à plus de 10 km. En temps normal c'est pas grand chose, en temps normal...
Nous décidons donc d'employer les grands moyens et d'utiliser tout ce qui se trouve à portée de main. Nous récupérons des bois
pour faire une mini luge afin de tirer nos sacs, ce qui sera peut-être moins fatiguant. Avec des vieilles chambres à air en caoutchouc nous nous fabriquons des genres de grosses boots, ce qui
protégera nos pieds de la neige et du froid. Et enfin, nous improvisons des raquettes avec des couvercles de vieux seaux de peinture, ce qui nous permettra de mieux marcher sur la neige. Tout
ceci fait, nous nous préparons pour partir le lendemain, en espérant que le beau temps sera avec nous.
Et nous avons de la chance, le lendemain il fait une journée magnifique. Nous nous préparons donc à quitter cet endroit une
bonne fois pour toute. Mais soudain un bruit résonne dans nos oreilles, comme une grosse machine en approche. Et en regardant par la fenêtre, nous apercevons un chasse-neige qui est entrain de
dégager la route. Alléluia! Notre salut nous tend les bras! Nous allons pouvoir partir tranquille! Mais c'est vite dit. En effet, le chasse neige n'est venu que pour dégager les routes de la
station, et la notre est toujours sous la neige. ARRGGG!! Sommes-nous maudits??
Bref, le temps passe et il faut prendre une décision. Nous avons perdu quatre jours en étant bloqués sur le col, et c'est le
temps que nous nous étions fixés pour arrive à Meteora, où l'on avait rendez-vous avec une personne rencontrée en Sicile. Donc, soit nous continuons à perdre du temps à essayer de traverser ce
putain de col enneigé jusqu'aux genoux, et je dirais même plus, jusqu'à la poitrine, soit nous faisons demi-tour par la route qui fut déneigée par le chasse-neige et retournons à Metsovo, où l'on
prendra un bus pour rattraper notre retard.
Et bien, même si l'on déteste faire demi-tour, nous jugeons que c'est là la meilleure solution. En effet, nous avons peut-être
visés trop haut, et nous en avons bien bavé. Mais nous avons quand même essayé, et après tout, nous avons été bien chanceux de trouver notre abri, car je n'imagine pas ce que ça aurait été si on
avait du affronter la tempête dans notre pauvre petite tente. Et même comme ça, nous en avons bien souffert et ne sommes pas prêts d'oublier cette expérience.
Cependant, nous ne regrettons rien, car malgré tout, ce fut une belle expérience. Nous avons été livrés à nous même, seul au
monde, seul face à la nature et ses caprices, mais pour la première fois nous avons connu le silence et le calme, le vrai. Pas un bruit de voiture, pas un chien qui aboie, pas un soupçon de
présence humaine. Un véritable moment de sérénité au dessus de tout, avec un paysage qui, une fois le mauvais temps passé, a su révéler tout sa beauté. Ce fut donc un moment inoubliable,
incroyable et à la fois effrayant. Mais c'est ce qui en fait un moment unique.
Donc voilà, retour à Metsovo, dans notre petite chambre d'hôte, où nous nous sommes fait un petit plaisir en mangeant comme des
porcs. Et ça fait du bien!! Et demain on prendra un bus pour Kalabaka qui se trouve près de Meteora, où l'on devrait normalement retrouver notre contact. D'ailleurs, chose incroyable, nous
l'avons déjà croisé aujourd'hui. En effet, sur le chemin de retour, à 1 km de Metsovo, une voiture s'arrête. Ensuite nous voyons une jeune fille courir vers nous toute contente. Serait-ce-t-elle?
Eh bien oui c'est bien elle! Mais nous ne la reverrons vraiment que demain car pour le moment nos destination ne sont pas les même. Si nous on retourne à Metsovo, elle s'en va du coté de Ioannina
que nous avons déjà passé. Mais c'est pas grave, nous nous reverrons demain si tout va bien. Comment? Vous ne savez toujours pas de qui il s'agit?? Alors rendez-vous au prochain épisode!!
;-)