Rue des Mariettes : balades à La Rochelle (16)

  Reculons dans le temps et imaginons dans ce passage, digne d’une maison de poupée, une suite de lieux saints dédiés à la Vierge... de petits sentons à l’image de Marie et baptisés des « mariettes ». Ces « mariettes » étaient nichées au fil d’un alignement d’oratoires aujourd’hui disparus.

   Discrète et silencieuse présence de ces gardiennes de vertu qui posaient, sur la ville et ses excès, un regard emprunt de pudeur effarouchée. Espace propice au recueillement, confessionnal de la conscience en plein centre-ville...

   Certes, cette ruelle aux aspirations mystiques n’est pas l’Avenue des Champs Elyséens chantée par Homère, ce séjour où les héros et les gens vertueux goûtaient enfin le repos après l’agitation de la vie... Peut-être en est-elle simplement une correspondance ?

« Les Immortels t'emmèneront chez le blond Rhadamanthe,
Aux champs Élyséens, qui sont tout au bout de la terre.
C'est là que la plus douce vie est offerte aux humains ;
Jamais neige ni grands froids ni averses non plus ;
On ne sent partout que zéphyrs dont les brises sifflantes
Montent de l'Océan pour donner la fraîcheur aux hommes. »

   Sans aller jusqu’à franchir ce seuil, il règne à La Rochelle, en certains jours de juin, cette atmosphère d’éternité douce à laquelle aspire tout homme, fatigué de la rude traversée... Et pas forcément dans la rue des Mariettes, mais sur les quais, dans les parcs, sur l’allée du Mail ou sur la plage...

   Du haut de ses frileuses statuettes évanouies, dans le maillage palimpseste des rues de La Rochelle, la rue des Mariettes n’a rien non plus d’une « promenade » sicilienne, où les maisons des villages typiques de Caltagirone ou de Santo Stefano di Camastra offrent encore au promeneur une céramique, nichée en façade... C’est simplement une modeste ruelle qui le conduit à l’écart des fièvres du marché et du trottoir des « Dames » (de petite vertu) !