Au mois de novembre je vous avais parlé de cet appel au mécénat privé pour acquérir “Les trois grâces” de Lucas Cranach, un "trésor national" que le Louvre souhaitait acheter mais pour lequel il lui manquait 1 M€. Comme la presse l’a rapporté l’opération a connu un franc succès, 7.000 personnes – dont votre serviteur – ont contribués à cette acquisition et la somme a été réunie un mois avant la date butoir.
Comme tous les donateurs j’ai reçu une lettre de remerciements du musée m’invitant à la présentation exceptionnelle du tableau dans la galerie Médicis, au 2ème étage de l’aile Richelieu. Passé l’escalator on découvre les 7.000 noms, comme tout le monde j’ai vérifié et, oui le mien était bien là !
Dans la galerie Médicis ce qui frappe c’est le contraste entre la petite taille du Cranach (36 X 24 cm) et les grands Rubens qui l’entourent. Curieusement à sa droite se trouve « L'Instruction de la reine, dit aussi L'Éducation de la reine » où Rubens représente lui aussi les trois grâces, peut être un clin d’œil des conservateurs.
Je me suis donc approché de ce panneau gris pour contempler le tableau derrière sa vitre de protection en me disant que s’il était là c’était en partie grâce à moi (excusez ce petit moment de vanité….).
La notice qui accompagne ce tableau nous apprend que, bien que daté de 1531, il est en excellent état. Sur un fond noir ces trois jeunes filles nues sur un sol caillouteux portent des colliers, celle de gauche un voile transparent et celle du milieu un élégant chapeau. Leur nudité indique qu’elles sont exemptes de toute dissimulation. Il nous est aussi expliqué que pour Cranach les trois grâces symbolisaient des vertus : la charité, l’amour et la générosité, le tableau ayant ainsi une dimension moralisante, voire chrétienne. Cela dit je pense que si l’artiste mettait cette symbolique en avant il jouait aussi sur l’attrait érotique de ses représentations dénudées.
Cette présentation exceptionnelle dure jusqu’au 30 mai 2011, en juin les « Trois Grâces » rejoindront les sept autres tableaux de Cranach que possède déjà le Louvre dans ses collections permanentes