Magazine Culture
Beaverwood, Oregon. Justin, 17 ans, y suce toujours son pouce. Outsider timide et garçon torturé, sa vie est le cauchemar adolescent habituel- entre des parents dépassés, une petite-amie étrange, et un orthophoniste new-age décalé. Même si Thumbscker possède les tics coutumiers du ciné indé tout droit issu de Sundance, il parvient rapidement à s’en détacher. Mike Mills, en signant cette adaptation du roman de Walter Kim, a surtout bien su s’entourer : Tilda Swinton et Vincent D’Onofrio en couple qui bat de l’aile, Keanu Reeves en hippie philosophe, Lou Taylor Pucci en hyperactif qui s’ignore : le casting est au diapason, souvent en mode auto-dérision ludique absolument réjouissant. Le film, lui, puise l’essentiel de sa réussite dans la manière dont il aborde son sujet (la quête d’identité, les entraves que l’on s’impose- à soi et à autrui) : soit une mise en scène soignée d’un côté- légère, aérienne- et une bande son fabuleuse de l’autre (la chorale Polyphonic Spree dirigée par Tim DeLaughter). Mêlées à une réflexion jamais pesante sur la différence et les divers degrés de perception, le premier long-métrage de Mills évite les écueils du film à thèse, désamorce tout cynisme à coups d’humour rafraîchissant et offre ainsi une petite bulle éthérée et plaisante- réussite discrète et jolie fusion entre délicatesse et intelligence, désenchantement et espérance.