Le silence, vite, sortir du silence. Des mots, quelques mots et puis vide. Ou bien continuer de se taire. Lentement sombrer. Ne pas l’ouvrir. Ressasser les questions, se replier, regarder dedans. Qui sommes-nous ? Que devons-nous devenir ? Nous avançons dans l’ombre et la lumière s’éloigne à chacun de nos pas …
Qui sommes-nous ? Artistes, équipes de création, marionnettistes, théâtre de marionnettes Itinérant, Mille et
une Vies ? Comment nous nommer ? Les innommables ? Ceux de la proximité...
Sommes-nous devenus des outils à la disposition de programmateurs qui rêvent d’un art façonné à leur image ? Serions-nous devenus des objets de valorisation d’une intelligence politique en régression ? Avons-nous jamais été ? Avons-nous jamais su ? Pour nous acteurs de la création indépendantes, créateurs d’œuvre du spectacle vivant (comme notre société nous nomme), les réels lieux de liberté de création et de rencontre du public se réduisent. Entre notre création et le public des intermédiaires de plus en plus nombreux se sont positionnés et parfois travaillent à empêcher la rencontre ; comment le considérer autrement quand on voit les moyens qui leur sont donnés et ce qu’il reste aux artistes.
Les organisations professionnelles échouent (ou réussissent selon que l’on regarde d’un point ou de son opposé) à faire entendre la diversité des acteurs et des modalités de production. Entre Privé et Public la bataille est terminée, baissons les bras et laissons au marché le soin de décider ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. C'est ça qu'ils veulent, c'est vers ça qu'ils avancent. Art et artistes, objets de consommation comme tant d'autres. Cette réalité reflète une absence de Politique et nous nous retrouvons acteurs, à porter des projets dont le sens politique devient évident. Oui, notre art, notre geste sont politiques en cela qu’ils participent à construire un sens commun, des valeurs qui rapprochent des étrangers des hommes.
Qui allons-nous devenir ? Nous le voyons notre oralité itinérante continue de trouver un public mais elle manque
cruellement de moyens et repose exclusivement sur notre capacité à nous mobiliser ; aujourd’hui, nous vieillissons et si nous ne nous renouvelons pas, un accident peut tout remettre en
question. Nous ne sommes rien, nous disparaîtrons vite et nos traces avec nous… Alors, nous réfléchissons aujourd’hui aux contours de notre évolution ; ainsi nous pourrons continuer ;
ainsi peut-être nous pourrons peut-être résister à une vague de silence qui voudrait nous emporter. Tu sais Nicolas,
quand tu écris que la révolution viendra des artistes, je voudrais le croire ; malheureusement je vois que nous sommes isolés, attaqués de toutes parts et les outils de nos défenses sont bien
trop fragiles.... que nos mots dérivent comme bouteilles à la mer, je t'adresse ceux la .... à bientôt, amitiés.
Fabrice Levy-Hadida - Cie Les Mille et une Vies - Théâtre de Marionnettes
Itinérant