Le tourisme, Alain Bossu c’est son domaine. Après l’interview de Mehdi Houas ministre du Commerce et du Tourisme tunisien, son reportage sur la manifestation de tunis le 26 février et le portrait d'un hôtelier Suisse établi à Sousse l'auteur de "La demoiselle de Guisanbourg" nous livre ici un regard objectif sur le présent et les attentes des professionnels tunisiens du tourisme local.
La Tunisie se prépare comme pour une compétition
Si les agents de voyages et les voyagistes européens visitent la Tunisie pour préparer la relance touristique, les Tunisiens qui travaillent dans le tourisme ne voient pas venir grand-monde pour l’instant, ce qui ne les empêche pas de se préparer à reprendre leur place.
Certes, le calme règne sur les sites balnéaires, mais les visiteurs attendent un véritable retour à la normale. «C’est vrai que le taux de remplissage des hôtels est faible, reconnaît Karim Ben Hassine Bey, directeur de l’hôtel de charme Dar Saïd à Sidi Bou Saïd, mais, par chance, c’est aussi la basse saison. Nous espérons que tout reprendra très vite. Nous avons bon espoir. »
Espoir?
Bon espoir, c’est un peu le message général. Chacun estime que l’été ne sera pas mauvais. De gros efforts sont planifiés ou déjà réalisés pour que les professionnels comme les vacanciers n’oublient pas que la Tunisie joue une grande place dans le tourisme en Méditerranée. Mohamed Jerbi, Commissaire Régional au Tourisme de Tunis, sait qu’un retour rapide permettra de retrouver la forme dans tous les secteurs qui font la force de la capitale et de sa région, c’est-à-dire le tourisme d’affaires, le balnéaire et le bien-être. Ajoutons les atouts de la plus grande médina d’Afrique et la grandeur culturelle avec Carthage et le musée du Bardo (en rénovation).
Un moment historique?
« La région, se réjouit-il, connaît un fort développement touristique, je pense au golf, à Cap Gammarth avec son port de plaisance. L’avenir n’est pas un p
roblème, je ne suis pas inquiet pour ce qui est du retour des touristes. C’est ce début de saison qui est encore en points de suspension. Nous vivons un moment historique. Il faut en profiter pour la formation et la vision à long terme. Nous travaillons sur des hébergements de charme supplémentaires dans la médina qui abrite environ 500 bâtiments historiques. Nous devons les faire vivre.»Du côté de Sousse, la confiance est de mise également… pour l’avenir en espérant qu’il arrivera le plus vite possible. Mais il suffisait, il y a quelques jours, de se promener dans les souks, de visiter le Ribat ou les centres de shopping, comme le Soula Center, pour comprendre que les touristes étaient encore très frileux.
Bientôt la reprise?
A Port El Kantaoui, la pluie ajoutait à Bonjour Tristesse. Il n’empêche, les professionnels sont présents et travaillent. En charge du marketing du Groupe Sousse Nord, Jawhar Mlika ne peaufine pas que ses dossiers. Il s’investit à fond sur tous les marchés. «Nous sommes prêts pour la relance, nous avons des budgets pour communiquer et,
surtout, nous sommes confiants, vraiment confiants. Cette période nous permet de prendre du recul pour mieux positionner notre offre qui correspond à l’attente des touristes avec une belle hôtellerie et para-hôtellerie, des animations, la marina, les restaurants, le golf.»Wahid Ben Youssef est le Commissaire Régional au Tourisme de Sousse. Il compte sur une reprise prochaine, avant la saison d’été. Il ne vise pas seulement le tourisme européen. «Les Algériens sont aussi une clientèle importante. Mais nous pensons que la clientèle européenne va revenir rapidement. Et nous saurons l’accueillir.»
Manager du fameux restaurant La Daurade à Port El Kantaoui, Sadok Kouka garde le moral. Il faut dire que l’homme sait ce que le mot compétition veut dire puisqu’il fut champion du monde de karaté en 1986. Il vit cette période comme un entraînement pour enchaîner sur une grande compétition. Et il sait que cette compétition aura lieu. Il pense même que la Tunisie peut remporter son pari.
Alain Bossu texte et photos
Dernière photo: Wahid Ben Youssef, Sadok Kouka et Abdenaceur Jerbi
Abdenaceur Jerbi, Directeur de l'Office du Tourisme tunisen à Zurich Et demain est un autre jour!