Étonnamment, malgré la profusion de films régulièrement projetés là-bas, et mon intérêt certain pour le cinéma asiatique, je n’étais jamais allé voir un film dans la petite salle du rez-de-chaussée de la MCJP. J’étais curieux de voir à quoi ressemblait leur salle de projection, et ce fut une agréable surprise. Une salle de 120 places en profondeur avec un écran de belle taille et de sièges rappelant ceux de la Cinémathèque française. Pas mal pour une salle de Maison de la Culture. Pas mal du tout. Je me demandais également s’il y aurait du monde, les projections des films du cycle étant en accès libre (oui oui, gratuit !). On devait bien être 80 ou 85 présents pour Always, un film multiprimé au Japon il y a quelques années, adapté d’un manga.
Je dois bien avouer que vu la fraîcheur chronologique du film, et la qualité apparente de la salle, je ne me suis même pas posé la question de savoir si le long-métrage bénéficierait d’une projection de qualité. Oh le choc. J’aimerais n’avoir à parler que du film, mais je ne peux laisser de côté la qualité de la projection (à l'heure de la tragédie qui frappe le Japon, ça paraît tout de même futile comme choc, j'en suis bien conscient). Je ne saurais honnêtement pas vraiment dire d’où vient précisément le problème qui s’est posé. Mais il y avait manifestement un gros problème. Un film de 2005, bon la copie ne risquait pas d’être trop dégueulasse. Or dès que la lumière s’est éteinte, la première chose sautant aux yeux, à part la lumière verte de la sortie de secours qui était bien trop puissante (mais ça c’est une autre histoire), c’était l’image tressautante et un peu sale. Wouaouh. Moyenne la copie.
Mais le film n’a pas dû être souvent projeté en France, et ne le sera pas énormément à l’avenir (surtout avec cette copie !). Je suis donc resté avec un mal évident à me plonger dans le film dans ces conditions. Mais cela ne m’a tout de même pas empêché d’apprécier Always : sunset on the third street. Le film s’ouvre à l’aube de l’été 1958 à Tokyo. Une jeune fille de la campagne monte dans la capitale pour son premier emploi, qu’elle croit être dans une grande entreprise automobile comme secrétaire. Or lorsqu’elle arrive sur place, elle découvre qu’elle a en fait été engagée dans un petit atelier de réparation automobile de quartier, et qu’elle va devoir mettre la main dans le cambouis. A travers son arrivée, c’est la vie de ce quartier populaire à l’ombre de la Tour de Tokyo en construction que l’on découvre. Une petite rue de commerçants vivant dans leurs boutiques, d’enfants insouciants, et de souvenirs de la guerre treize ans après sa fin.
Lorsque la lumière se rallume, la porte est grande ouverte pour la suite, qui fut tournée deux ans plus tard et que le cycle Toho programmera dans quelques jours. Si le courage d’affronter de possibles sons crachotant et images floues se fait en moi, il n’est pas impossible que j’aille découvrir ce qu’il advient des habitants de cette fameuse « troisième rue »…