Bref, j'ai aujourd'hui envie de partager avec vous ma découverte de la journée : Contrabendo, un très très bel album d'un grand monsieur nommé Calvin Russel .
En écoute : extraits des titres de Contrabendo
Né en 1948 à Austin, Texas, Calvin Russell est un chanteur et guitariste rock et blues américain.
A douze ans, Calvin se met à la guitare et rejoint son premier groupe, The Cavemen. À quinze ans, il fugue à San Francisco
et survit sur la route grâce à de petits boulots. Plusieurs fois incarcéré pour des délits mineurs d'adolescent, réfractaire au modèle américain de la réussite, il se marginalise et vend de
l’herbe pour subsister.
Arrêté plusieurs fois, il passe au total une dizaine d'années derrière les barreaux. Lors d’un périple à travers le Grand Sud, il commence vraiment à écrire des chansons et à chanter de ville en ville.
A Austin en 1986, il traîne dans un milieu marqué par l’alcool et la drogue et côtoie de nombreux musiciens, parmi lesquels le légendaire Townes Van Zandt, Willie Nelson ou Leon Russell. Trois ans plus tard, il fait la rencontre de Patrick Mathé*, le fondateur de l’excellentissime label français New Rose qui publie A Crack In Time début 1990. L’accueil est excellent et Calvin commence à venir en France pour assurer sa promotion.
Lorsqu¹il commence à chanter, le Français est l¹un des seul à écouter ce gars bizarre qui interprète ses chansons à la guitare acoustique. Mathé vient discuter avec lui et le musicien explique qu’il essaie d¹enregistrer un album et voudrait l¹intituler " A Crack In Time ". Or, les choses se présentent si favorablement qu’il envisage sérieusement... de redevenir plombier.
Bien que très ami avec de nombreux poètes et auteurs-compositeurs d¹Austin, Calvin Russell n¹a jamais pu faire de carrière faute d’intérêt de la part des producteurs locaux. Depuis des années, il écrit des chansons et joue là où on veut bien le laisser jouer, mais rien de plus, rien de mieux.
" J’avais déjà cette gueule - se rappelle Calvin - ce qui a sans doute motivé son intérêt pour moi. Je me battais depuis ’âge de 18 ans pour devenir songwriter, vivre de mes chansons et faire un disque. J¹avais connu des hauts et des bas, j¹étais allé trois fois en taule et ’étais sur le point de me dire : t¹as trente ans et maintenant c’est la fin. Nous avons discuté, il a trouvé mon histoire intéressante et a pensé que je devais enregistrer un album. Or cet album, je l¹avais dans ma poche sous la forme d¹une cassette demo ! Je lui ai donnée sur le champ. Il m¹a rappelé le lendemain. Ce mec venu de France me dit : on va faire un disque, et ça a été ma chance. Ma vie a changé. Nous avons enregistré, et la presse a commencé à apprécier ".
C¹est comme cela que New Rose publie " A Crack In Time " début 1990. Ce n¹est pas le raz-de-marée, mais l¹accueil est excellent et Calvin commence à venir en France pour assurer sa promotion. Immédiatement, il s¹établit entre l’Hexagone et le texan un contact chaleureux, qui ne cessera de se confirmer avec le temps.
L’année suivante, il persiste et signe avec Sounds From The Fourth World, album de la consécration, également
enregistré à Austin avec Joe Gracey. Calvin commence à tourner beaucoup en France, remplissant les clubs, alors qu'au Texas on l’ignore toujours. De nombreuses pages de journaux sont consacrées
là-bas à l’étonnante aventure de sa carrière européenne, mais sans profit pour sa musique.
En 1992, Calvin Russell revient sur le devant de la scène avec Soldier . Dans le prolongement des deux albums
précédents, il l’enregistre encore aux Studios Arlyn, mais la production se fait cette fois sous la houlette de Jim Dickinson, empereur du Memphis Sound qui a travaillé avec Ry Cooder et les
Rolling Stones.
Début 1994 parait Le Voyageur, album live enregistré à l’Olympia, l’Elysée-Montmartre, l’Exo 7 à Rouen et le
Zig-Zag à Orléans, reflet d’une tournée marathon dans laquelle Calvin Russell a donné en un an 178 concerts en Europe.
L’album suivant Calvin Russell, (enregistré et mixé à Memphis), est résolument blues et comble à la fois ses fans
et les puristes. Pour souffler avant de préparer le prochain, c’est un best of que propose Calvin Russell avec This Is My Life, qui comporte cependant trois nouveaux titres :
"Forever Young", "Texas Song" et "It’s All Over Now".
Alors que parait This Is My Life, au hasard d’un arrêt dans une station-service au Texas, son passé d’adolescent
resurgit avec violence. Un policeman remarque la saleté des vitres de sa voiture et lui demande d’en descendre. Quand il découvre qu’il se trouve face à un ancien prisonnier, il appelle les
maitres-chiens par radio. Ils trouvent son herbe. Son passeport est confisqué, et cette peccadille risque d’entraîner l’annulation de tous ses sursis, et dix années de prison. Finalement les
choses s’arrangent, avec une mise en liberté semi-surveillée sous réhabilitation.
Calvin Russell poursuit sa carrière essentiellement européenne avec Unrepentant (2007) ou Dawg Eat Dawg (2009). Son blues rauque est surtout à déguster sur scène, Contrabendo en 2011 remettant les pendules à l'heure pour ceux qui pouvaient douter de la stature de Calvin Russell. Un vrai, un pur.
Sources : http://www.monsieur-biographie.com - http://www.music-story.com - http://www.bluesweb.com
* Patrick Mathé, fondateur de New Rose Records était à cette époque un vrai "sauveurs" de pointures américaines puisque c'est à lui que Bo Diddley a connu une seconde carrière européenne.