Lumineuse incise (by Christelle)

Grand angle : 2 trames de tirets de néon 0°-90°avec participation du spectateur, 1971, Tubes de néon blanc, commutateur Dimensions variables. Collection de l’artiste Vue de l’installation : Luxembourg, Casino – Forum d’art contemporain, 2000 © François Morellet © Adagp, Paris 2011

François Morellet c’est un peu l’artiste qui fait partie de la famille, celui dont on a l’impression de connaitre les œuvres depuis toujours, ou du moins depuis qu’on s’intéresse à l’art. En plus, c’est un monsieur plutôt sympathique, plein de bonhomie avec qui on aimerait bien prendre des cafés en terrasse au soleil de temps en temps parce qu’il est drôle. Dans la vie, bien sûr, je ne connais pas cet artiste mais je me suis allée à son exposition monographique au Centre Pompidou dans cet état d’esprit, en toute confiance.
Cette exposition se concentre sur les installations faites par François Morellet qui, dans ce cas, utilise surtout le tube néon. Dès les années 1950-1960, il décide de prendre le contre-pied du courant dominant de l’époque, à savoir l’abstraction lyrique. De fait, il va fonder son art sur les formes élémentaires que sont la ligne, la grille et le carré. Son but est de créer des œuvres sans aucune prise de décision subjective. De prime abord cette démarche s’oppose à la définition même d’une œuvre d’art qui implique justement la part de subjectivité de l’artiste. Pourtant les œuvres de François Morellet sont d’une grande subtilité et ont beaucoup d’humour, ce qui est assez  incroyable pour des œuvres d’art. Ses œuvres répondent à « des systèmes aussi absurdes que rigoureux » dit-il. Ainsi, en 1962, il peint un tableau nommé Répartition aléatoire de 40 000 carrés selon les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone. L’essence même de l’art de Morellet est là, dans un mélange de formules mathématiques complexes et de hasard digne de Dada.

Répartition aléatoire de 40 000 carrés selon les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone, huile sur toile, 1962

Sont également exposées des installations qui requièrent l’action du spectateur. Vous pourrez tirer sur une manette afin de faire bouger un liquide, à l’apparence du pétrole, afin d’y observer le reflet de carrés en néon mêlés et accrochés au plafond. En appuyant sur un bouton, un ventilateur se mettra  en marche et la Joconde reproduite sur un tissu va se mouvoir au gré du vent.
François Morellet est beaucoup intervenu, de manière pérenne aussi, dans des lieux publics. Aussi, je vous encourage à aller découvrir son installation dans l’un des escaliers du Louvre où les fenêtres en forme d’œil de bœuf évoquent autant des horloges que des montants de fenêtre créant chez le spectateur un léger trouble visuel, presque physique, du plus bel effet.

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François Morellet "Reinstallations"

Centre G. Pompidou, jusqu'au 4 juillet 2011