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Etat chronique de poésie 1156

Publié le 11 mars 2011 par Xavierlaine081

1156 

Que puis-je sinon caresser l’espoir, si souvent vain, que l’humain se lève vers son humanité ? 

Quel pouvoir peuvent avoir les mots quand ici et là, de sombres âmes sont si promptes à dévoyer toute espérance dans la satisfaction de leurs propres ambitions ? 

Plus je me mêle au commun, plus je comprends son désespoir. 

Et que peut faire un esprit qui ne voit plus le ciel, derrière les barreaux fermement scellés sur son regard perdu ? 

Je ne peux que dire mon étonnement devant la patience que déploient ceux qui, désormais, n’ont plus rien à perdre. 

Mes mots n’ont pas d’autre chemin à suivre que d’être là, dans leur silence comme dans leurs cris. Et ce qui monte parfois a de si forts accents de souveraine impuissance devant la tragédie qui se profile ! 

Il me reste à m’avouer impuissant avec ceux-là, clairvoyant avec ceux qui voient encore un peu de lumière derrière les brumes épaisses et les appétits féroces. 

Je ne m’avoue pas vaincu, non. Comme tous ceux qui n’ont plus grand-chose à sauver d’un avenir qui se décline déjà au passé, je ne peux pas m’avouer vaincu, juste, parfois, désespéré de ne rien voir venir plus vite qui puisse ressembler à mes rêves. 

De désespoir de ne pouvoir laisser errer mon regard sur la mer, devant une Joliette défoncée d’appétits immobiliers vengeurs, je suis des yeux le vol souple d’un goéland qui survole, indifférent, la vaine agitation des Hommes. 

J’entre en des lieux où devrait se dessiner une partie d’un destin d’hommes et de femmes pliés sous le joug d’une rentabilité non voulue. Je n’entends que vulgaires cris tonitruants de notables en cravates, ventre rond de bombances dans tous les dîners officiels. Rien ne filtre de l’âpre vie de ceux qui nous ont élu. Silence dans les rangs sous le regard amusé d’une administration qui se frotte les mains du triste spectacle. 

Je ne peux que pleurer avec ceux qui pleurent déjà, car l’espérance est partie, sur les ailes des goélands vers d’autres rives, là-bas, où mon enfance sommeille. L’espérance sent le jasmin là-bas, le gasoil, ici. Elle a les ailes engluées dans les querelles de stupides pouvoirs. 

D’Egypte me viennent d’autres cris : c’est la misère qui n’en peut plus d’étouffer sous le joug de ces suffisants, les mêmes qu’ici, au fond. 

Arrogants et cyniques, experts en corruptions et l’œil rivé sur leur compte en banque, ceux-là savent détourner le bien commun à leur seul profit. 

D’autres attendent leur heure, tapis dans l’ombre du peuple qui s’agite enfin.  

Ma parole est si nue dans le ciel bleu d’après la brume 

Ma parole est si blanche de givre et d’attente 

Ma parole est si frêle dans la tourmente d’âpres appétits 

Ma parole est si fière de tenter encore 

L’ouverture des persiennes aux gonds rouillés 

Sans un sou pour l’huile et la peinture 

Ma parole tente un dernier looping avant de disparaître devant le disque solaire 

Manosque, 9 février 2011

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