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Décidément, la liste des candidats aux primaires socialistes ne cesse de s'allonger. Alors que la décision de Dominique Strauss-Khan se fait toujours attendre, c'est au tour de Dominique de Villepin de faire acte de candidature !
Ou presque, car si l'ancien Premier ministre a bien décidé de quitter l'UMP avant la présidentielle, il n'a pas encore annoncé son adhésion au Parti socialiste.
A première vue, il n'y aurait pourtant rien d'étonnant à cela, si on se contente de regarder ses dernières prises de position : création d'un « revenu citoyen », augmentation de la progressivité de l'impôt et des droits de succession… Autant de mesures que l'on imaginerait aisément portées par des candidats de gauche.
Et pourtant… Evidemment, un tel discours prête à sourire de la part de l'inventeur du bouclier fiscal, version 60% des revenus, en 2006.
Ne nous laissons pas enfumer ! N'oublions pas que Dominique de Villepin est l'artisan du CPE et que, lors de son passage à Matignon, il a considérablement réduit la progressivité de l'impôt sur le revenu en réduisant à la fois :
- le nombre de tranches d'imposition (de 7 à 5),
- le taux d'imposition marginal de la tranche supérieure (de 48% à 40%),
- le nombre de foyers concernés par cette dernière tranche (revenus supérieurs à 65 000 euros par an et non plus 50 000 euros).
Un grand débat sur un revenu social garanti
On aurait préféré que l'audace de ce débat naisse à gauche, mais puisque l'ancien Premier ministre fournit là une nouvelle occasion, profitons-en, débattons ! Pas dans la version, contestable sous maints aspects, de l'ancien Premier ministre, dégressive et financée par la TVA en un joli cadeau fait au patronat, mais dans une version citoyenne et solidaire de transformation sociale et écologique.Nous, militant(e)s de gauche, nous regroupons en un collectif Pour un revenu social (Pours) afin d'ouvrir un grand débat sur l'instauration d'un revenu inconditionnel, ou revenu social garanti.
Des discussions ont lieu entre nous sur ses modalités, mais nous nous accordons sur le principe d'une somme permettant à chacun(e) d'avoir accès aux droits fondamentaux et de vivre dignement, de disposer de temps libéré et des moyens de s'émanciper, de participer à la vie citoyenne et de développer des activités dites « improductives » qui pourtant ont une réelle utilité sociale.
Une telle mesure permettrait d'éradiquer les petits boulots précaires : plus question d'accepter de force des temps partiels mal payés pour pouvoir manger à sa faim, se soigner ou payer son loyer… Sans cette variable d'ajustement du système capitaliste constituée par les chômeurs et précaires prêts-à-tout-pour-deux-francs-six-sous, l'ensemble des conditions de travail seraient revalorisées.
Changer la vie de sept millions de Français pauvres
Cette alternative est possible. Elle passe par la création d'une prestation forfaitaire universelle, versée à chaque citoyen(ne) sous forme monétaire et/ou de droit de tirage sur les services publics, à titre individuel et durant toute la vie, qui instituerait un socle de revenu inaliénable suffisamment élevé pour garantir à tou(te)s l'accès aux biens et services essentiels.Elle doit s'accompagner d'une refonte en profondeur du système fiscal et social de notre pays, et du développement de services publics de qualité. C'est un vaste chantier mais il mérite d'être mené.
Parce qu'elle est susceptible de changer la vie des plus de sept millions de personnes, en France, qui vivent sous le seuil de pauvreté et de toutes celles et ceux qui peuvent y basculer. Parce qu'elle peut nous permettre de changer radicalement ce système, dans lequel nous n'en pouvons plus de survivre, cette idée est profondément subversive. Elle est dangereuse pour le système capitaliste et l'idéologie dominante du « travailler plus pour gagner plus ». C'est pourquoi la gauche doit se mettre au travail sur cette question, maintenant !
Par Paul Ariès, Elise Aubry, Julien Bayou, Ariane Calvo, Leila Chaibi, Simon Cottin Marx, Corinne Morel Darleux, Baptiste Mylondo du nouveau collectif Pours, Pour un revenu social, collectif composé de citoyen(ne)s et de militant(e)s de L'Appel et la Pioche, d'Europe Ecologie - Les Verts, du Parti de gauche, d'Utopia, Sauvons les riches…
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