La Commission européenne va pénaliser l’Espagne pour avoir dépassé son quota de capture de maquereau de près de 20.000 tonnes (soit 80% de plus que son quota initial ! ) Cette « dette » de l’Espagne a été lissée par la Commission sur plusieurs années de remboursement, afin de ne pas trop pénaliser la filière…
On lit notamment dans le rapport de la Commission (qui peut être consulté en intégralité ici) : « La Commission a décelé des incohérences dans les données communiquées par l’Espagne en ce qui concerne la pêche du maquereau (…) en effectuant un contrôle croisé de ces données, (…) à différents stades de la chaîne de valeur, de la capture jusqu’à la première vente. (…)Les éléments de preuve recueillis dans le cadre de cette enquête permettent à la Commission d’établir que cet État membre a dépassé de 19 621 tonnes son quota pour le maquereau en 2010. »
La décision de la Commission de sanctionner cette pêche illégale va dans le bons sens en reconnaissant les fraudes espagnoles. Si le remboursement avait été appliqué sans délais, la pêcherie aurait dû être fermée pour 2 ans. Mais en étalant les remboursements, l’effet de la sanction est dilué.
Une des explications les plus évidentes à ces fraudes systématiques, c’est le nombre de bateaux et la capacité de pêche massive des flottilles espagnoles : encore une fois, il y a trop de bateaux … et pas assez de poisson. Or l’Espagne a bénéficié d’une part très importante des subventions européennes dans le cadre de la Politique Commune des Pêches (PCP, l’équivalent de la PAC pour le secteur). Jusqu’en 2004 ces subventions ont en grande partie été utilisées pour des aides à la construction de bateaux, favorisant la pêche la plus industrielle.
Cela fait longtemps que les pêcheurs artisanaux, en France dénoncent ces pratiques et les dépassements de quotas des pêcheurs espagnols, en particulier dans le Golfe de Gascogne.
Ces dépassement ont pour conséquence une pression excessive sur la ressource mais également des conséquences économiques, tirant les prix du poisson à la baisse,et mettant en péril la viabilité des pêcheries, en particulier les plus artisanales.
Cette année est critique pour le processus de révision de la PCP, qui donne un cadre réglementaire aux flottes européennes pour la pêche dans les eaux communautaires et hors d’Europe. Ces sanctions décidées par la Commission tombent mal pour le gouvernement espagnol, très actif dans la défense de ses intérêts, et qui promeut un modèle toujours plus industriel de gestion des pêches.
Il est urgent que cette politique commune des pêches sauve nos océans, qui se vident de trop de pêche. Greenpeace demande notamment que cette réforme :
- Permette une diminution du nombre de bateaux et de leur capacité, pour que la flotte soit en adéquation avec les ressources marines,
- Respecte les avis scientifiques en matière de quotas,
- Permette la mise en place de véritables réserves marines, zones protégées en mer, notamment sur les zones de reproduction de certaines espèces.