Enjeux multiples sur un canton atypique

Des trois cantons bordelais renouvelables les 20 et 27 mars prochains, Bordeaux 2 est assurément celui où l’enjeu politique est aussi important que l’enjeu symbolique.

En effet, nul besoin de rappeler que c’est sur cette même circonscription que l’élue PS Michèle Delaunay avait battu Alain Juppé en 2007. Pas étonnant donc que l’impact de ces élections dépasse le simple cadre cantonal. Pour le PS, pas de doute, Alain Juppé souhaite prendre sa revanche et la candidate UMP est instrumentalisée par sa majorité. Pourtant Anne-Marie Cazalet s’en défend. «Je ne suis pas un pion, si j’y vais c’est parce que je pense que la ville de Bordeaux n’est pas assez représentée au conseil général. Et si Alain Juppé a une revanche à prendre, ça lui appartient et il aura tout le loisir de le faire lors des législatives de 2012». Malgré tout, difficile pour les électeurs de dissocier le national du local. Si à Droite on ne veut pas que les habitants «se trompent de débat et considèrent les cantonales comme le dernier coup de semonce qu’on donnera au gouvernement avant les présidentielles», à Gauche, on estime en revanche que ces élections permettront de «sanctionner ce qui se passe au niveau national».
Quel programme ?
Travail, santé, éducation, logement, emploi... un rapide coup d’oeil sur les programmes des deux candidates permet de voir que les préoccupations sont quasi similaires. La stratégie de l’une comme de l’autre consistant en effet à situer le débat au plus près des 26 000 habitants du canton. Un canton disparate sur lequel il faudra savoir aussi bien répondre aux attentes des habitants du Grand-Parc que des Chartrons ou du Jardin Public. En revanche, la manière dont chacune aborde le devenir de la salle des fêtes du Grand Parc diffère. Pour Michèle Delaunay, «l’acquisition et la réouverture de la salle des fêtes pour en faire un lieu de création, de communication et de convivialité est un des points phares» de son projet départemental. Alors que pour Anne-Marie Cazalet, même s’il est essentiel de réhabiliter cet espace, pas question de cristalliser sa campagne là-dessus.
Sept candidats en lice
Face à ce duel institutionnel et médiatique, difficile pour les autres candidats en lice d’exister. Pourtant ils sont nombreux à s’engager dans la bataille. Au-delà des candidatures de témoignage de Stéphane Boudy (Divers Gauche) et de Christophe Bugeau (Divers Droite), il faudra compter avec les candidats d’Europe Ecologie-Les Verts et du Front de Gauche. Marc Lasaygues et Patrick Alvarez, qui avaient totalisé respectivement 9,8% et 5,6% en 2004, visent tous les deux la barre des 10% avec un programme qui fait la part belle au logement. Enfin, la candidate FN, Valérie Colombier, portée par la vague Marine Le Pen, aura sans nul doute sa carte à jouer. En 2004, le FN avait réalisé un score de 9,6%. Quoi qu’il en soit, les différents candidats devront composer avec plusieurs inconnues. Tout d’abord, l’abstention (40% en 2004), mais aussi la sociologie du terrain. En effet, l’arrivée de populations nouvelles et de 1500 nouveaux électeurs dont on ne peut préjuger du vote, pourrait faire pencher la balance dans un combat qui promet d’être serré.•
Stella Dubourg