Regarde ces lignes brisées, parallèles ou sécantes :
L'homme structure l' espace comme sa tête,
Bien rangé, superposé,
Chaque chose à sa place, dans son tiroir.
Des couches qui s'empilent,
Des strates, des tranches de vie.
C'est ainsi qu'il voit le monde, l'homme,
Comme un vieux séchoir à tabac de l'Ardenne belge.
Et le monde, ça le fait rigoler,
De s'imaginer comme ça, tout carré,
Fragile comme un mikado debout,
Encore qu'il est ici depuis un siècle à peu près.
Oui il est comme ça, le monde,
Et il se demande bien pourquoi,
Il n'y a pas de lignes rondes dans la tête de l'homme,
Alors qu'il y en a partout ailleurs.
Bien qu'à y regarder de plus près, finalement,
A voir les lignes qui composent le séchoir, tiens, par exemple,
Si tordues, torturées, courbées, polies, frottées, ...
Tout est question d'impressions, non ?
Alors, en rogne, l'homme se met à ronchonner,
Se roule un clope avec son tabac gris de la Semois,
Et continue de s'empoisonner lentement,
En rêvant d' univers cartésiens ,
Où la ligne droite règne en maître absolu ...