Précisons que radio J, pour ceux qui imaginerait que le J est celui de
Jeunes ou de Jouissance, n’est ni une radio spécialisée dans le RnB, le RAP ou
autres horreurs musicales, ni une radio X, mais une radio communautaire
Juive.
Pour répondre aux véhémentes réactions de quelques uns de ses
coreligionnaire qui ne comprenaient pas comment une Le Pen pouvait être invitée
à s’exprimer sur une radio juive, son chef du service politique, Frédéric
Haziza,
invoquait le fait que « Marine Le Pen n'est pas Jean-Marie Le
Pen » et que notamment elle s’était très clairement démarquée de son
père en affirmant, début février, lors d’un entretien au Point, « Ce
qui s'est passé dans les camps nazis est le summum de la barbarie »
!
Personnellement, comme j’ai souvent eu déjà l’occasion de le répéter, je
suis partisan du débat, en l’occurrence, que Marine Le Pen puisse répondre aux
questions, qu’on imagine sans complaisance, d’un journaliste juif sur une radio
juive !
Ca n'aurait été ni cautionner ni décerner un brevet de respectabilité que de
faire ce travail de journaliste !
Le risque me paraissait d’autant moins élevé de faire de cet entretien une
tribune à la gloire du FN, qu’elle n’aurait eu comme auditeurs que des juifs,
qui pour un tas de raisons sont, à priori, peu enclins à l’indulgence vis-à-vis
d’un membre de la famille Le Pen !
Bon, elle aurait eu comme auditeurs mais elle n’aura pas comme auditeurs,
car Radio J, sous la
très forte pression d’associations juives, à fait marche arrière et
annulé l’invitation !
C’est son droit bien évidemment, et on peut comprendre que les fâcheux
antécédents familiaux rendent tout membre de la famille Le Pen persona non
grata sur une radio juive. Par-dessus le marché, n’étant pas spécialement
concerné, je ne vais certainement pas crier au scandale.
Pour autant cette péripétie, si on la considère plus généralement, pose
clairement une question sur le fonctionnement de la démocratie.
Peut-on et doit-on fournir une couverture médiatique identique aux partis
dits « extrêmes » qu’aux autres ?
Dit autrement, est-il normal de restreindre la parole de ces partis et
notamment du FN surtout s’ils s’expriment dans le cadre d’entretiens avec des
journalistes et non pas dans le cadre de tribunes libres ?
Et si on répond oui, comme c’est clairement le cas aujourd’hui, cela ne
signifie t’il pas que l’on craint les impacts de leurs propos sur les électeurs
ou une partie des électeurs et si oui, est-ce réellement cela la démocratie
?
Le refus de débattre avec le FN ou de l’empêcher de s’exprimer, n’est-il pas
en soi une limite que l’on positionne au processus démocratique, probablement
par manque de confiance dans ce processus : le peuple a le droit de voter
ce qu’il veut et évidemment de penser ce qu’il veut, mais pour éviter qu’il ne
vote mal ou ne pense mal on essaie de restreindre son choix en censurant les
« mauvais » partis !
De plus, cette manière de procéder a des effets contreproductifs,
puisqu’elle amène ces partis à s'enfermer dans une attitude de provocation
malsaine qui, elle, sera généreusement relayée dans les médias, elle leur
permet également de se poser en victimes de l’establishment politico-médiatique
(Le Pen, Mélenchon, Besancenot dans une moindre mesure), position qui permet de
bénéficier d’un capital sympathie auprès de beaucoup !
A ces questions, je serais tenté de répondre que le débat vaut toujours mieux que la censure, encore faut-il savoir débattre et avoir suffisamment confiance en ses propres certitudes et en sa force de conviction !...en fait, l’explication, elle est peut-être là !