Hôtel Iris

Publié le 10 mars 2011 par Sebulon

Hôtel Iris - Yoko OgawaActes Sud (2000)Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle

Mari a dix-sept ans et vit avec sa mère, la propriétaire de l'hôtel Iris. Elle a quitté l'école pour travailler à la réception de l'hôtel, un établissement sans charme dans une petite station balnéaire. Un jour, une prostituée provoque un scandale, se plaignant des agissements d'un des clients de l'hôtel et Mari est fascinée par la réaction de l'homme, élégant et digne, par le ton avec lequel il s'adresse à la femme, lui ordonnant de se taire. Quelques jours plus tard, à la faveur d'une course au centre-ville, Mari aperçoit l'homme et le suit, pleine de curiosité. Il finit par la repérer et la reconnait. Ils engagent la conversation, Mari apprend qu'il est traducteur de russe et vit sur une petite île. Ils se revoient à plusieurs reprises, le traducteur lui écrit des lettres pleines d'attention, il est très poli, sensible, presque timide. Un jour, ils se rendent ensemble dans un restaurant mais se font refuser l’entrée par la direction. Le traducteur invite alors Mari chez lui, dans son île et son attitude change alors du tout au tout. Il redevient l'homme impérieux que Mari avait entr'aperçu à l'hôtel, lui donnant des ordres auxquels elle se soumet, fascinée et incapable de résister. Commence alors entre eux une relation sado-masochiste où elle s'engage éperdument, incapable d’analyser ce qui lui arrive.


Je ne me serai jamais lancée dans cette lecture si j’avais imaginé la nature des relations qui allaient se tisser entre cette jeune fille esseulée et cet homme déjà âgé, attentionné, que la vie n’a pas épargné. Mais le style de Yoko Ogawa arrive à rendre ce texte supportable, et surtout à passer outre ces moments scabreux, surtout parce qu’ils sont racontés par Mari, comme le reste, comme si tout glissait sur elle, comme le font les remarques de sa mère, les insinuations de l’employée de l’hôtel, l’indifférence des clients. Mari, à qui personne ne prête vraiment attention, trouve en la personne du traducteur quelqu’un qui prend le temps de l’écouter et de l’apprécier, qui l’attend et ne doute pas d’elle, quelqu’un pour qui elle est importante. Qu’importe alors pour elle si ce qu’elle vit avec le traducteur est normal ou pas, d’autant qu’elle n’a aucune idée de ce qui est normal ou pas.
C’est un livre étrange, comme le sont souvent ceux de Yoko Ogawa. Mais ici le sujet est particulièrement dérangeant et l’acceptation de Mari de cette situation et le plaisir qu’elle en tire restent pour moi incompréhensibles à l’issue de cette lecture.Une autre source de malaise, à un tout autre niveau, vient du fait qu’il n’y a rien de japonais dans les lieux que décrit Yoko Ogawa, dans les habitudes de vie des personnages, sauf peut-être le soin que prend la mère à peigner les cheveux de Mari et à les enduire d’huile de camélia.
Les avis de Thracinée, LuKe, Loutarwen, Soïwatter, Pimprenelle, Yueyin et Laurence du Biblioblog