Venise : ville de l'éloignement par excès de proximité, des frontières invisibles, des canaux qui dédoublent les formes, des ponts qui isolent chaque rive. Afin de regagner le quartier où, lors de mes séjours je réside, j'use des traverses, des doublures, ces itinéraires celés qui permettent aux habitants de circuler discrètement sans croiser les cohortes de touristes perpétuellement entre deux monuments comme un buveur entre deux vins. Bien entendu, je m'égare moi-même plus souvent qu'à mon tour, car il faut être né ici pour posséder à fond la topographie d'une cité qui a mis tout son mystère ~ étant par nature dépourvue de caves et de toutes infrastructures souterraines ~ dans l'agencement tortueux, d'une complexité inouïe, de son espace. Passages dérobés, cours inaccessibles, quais délaissés rongés de mousse, escaliers branlants ne menant qu'à eux-mêmes, impasses inattendues révélant brusquement le vide inquiétant des yeux d'une statue ou la présence/absence d'un chat sur la margelle écussonnée d'un puits à sec... Piranèse était vénitien : il ne parlait que le labyrinthe, sa langue natale.Marc ALYN, Le piéton de Venise.
Un pont qui isole la rive...
Publié le 10 mars 2011 par Venetiamicio
" Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée "Henry James ©Catherine Hédouin
Venise : ville de l'éloignement par excès de proximité, des frontières invisibles, des canaux qui dédoublent les formes, des ponts qui isolent chaque rive. Afin de regagner le quartier où, lors de mes séjours je réside, j'use des traverses, des doublures, ces itinéraires celés qui permettent aux habitants de circuler discrètement sans croiser les cohortes de touristes perpétuellement entre deux monuments comme un buveur entre deux vins. Bien entendu, je m'égare moi-même plus souvent qu'à mon tour, car il faut être né ici pour posséder à fond la topographie d'une cité qui a mis tout son mystère ~ étant par nature dépourvue de caves et de toutes infrastructures souterraines ~ dans l'agencement tortueux, d'une complexité inouïe, de son espace. Passages dérobés, cours inaccessibles, quais délaissés rongés de mousse, escaliers branlants ne menant qu'à eux-mêmes, impasses inattendues révélant brusquement le vide inquiétant des yeux d'une statue ou la présence/absence d'un chat sur la margelle écussonnée d'un puits à sec... Piranèse était vénitien : il ne parlait que le labyrinthe, sa langue natale.Marc ALYN, Le piéton de Venise.
Venise : ville de l'éloignement par excès de proximité, des frontières invisibles, des canaux qui dédoublent les formes, des ponts qui isolent chaque rive. Afin de regagner le quartier où, lors de mes séjours je réside, j'use des traverses, des doublures, ces itinéraires celés qui permettent aux habitants de circuler discrètement sans croiser les cohortes de touristes perpétuellement entre deux monuments comme un buveur entre deux vins. Bien entendu, je m'égare moi-même plus souvent qu'à mon tour, car il faut être né ici pour posséder à fond la topographie d'une cité qui a mis tout son mystère ~ étant par nature dépourvue de caves et de toutes infrastructures souterraines ~ dans l'agencement tortueux, d'une complexité inouïe, de son espace. Passages dérobés, cours inaccessibles, quais délaissés rongés de mousse, escaliers branlants ne menant qu'à eux-mêmes, impasses inattendues révélant brusquement le vide inquiétant des yeux d'une statue ou la présence/absence d'un chat sur la margelle écussonnée d'un puits à sec... Piranèse était vénitien : il ne parlait que le labyrinthe, sa langue natale.Marc ALYN, Le piéton de Venise.