Mardi 5 octobre 2010
Le roman Freedom de Jonathan Franzen est une description grandiose de l'aliénation.
- Consoles de jeux vidéo / Reuters -
L'AUTEUR Judith Shulev
Une personne qui lirait uniquement le premier chapitre de Freedom de Jonathan Franzen y verrait un morceau de littérature assez anodin. Ce chapitre met sous vide les protagonistes du roman, les Berglund, à un moment de l’histoire, les années 1980, où ce type de personnes évoluaient relativement sans complexe et étaient faciles à mettre sous cloche.
«Walter et Patty furent de jeunes pionniers de Ramsey Hill - les premiers bac+4 à acheter une maison sur Barrier Street depuis que le vieux cœur de St. Paul avait connu des temps difficiles trois décennies plus tôt.»
Ils conduisent une Volvo 240, écoutent la radio publique, utilisent le livre de cuisine The Silver Palate, s’inquiètent sur la quantité de plomb dans leur vaisselle «Fiestaware», lingent leurs bébés avec des couches en coton, se préoccupent des moyens de développer le potentiel de leurs enfants.
La voix qui énumère cette liste de commandements du manuel du parfait «yuppie» semble à la fois hilare et suffisante, amusée par sa propre précision sociologique. En lisant, je n’arrêtais pas de penser à la présence harcelante de cette voix. Patty Berglund nous explique la voix, fut «une porteuse radieuse du pollen socioculturel, une abeille affable». «Il y avait des gens, dit la voix pour qui son style plein d’autodérision ne passait pas bien … comme si Patty, en exagérant ses petits défauts, rendait trop visible ses efforts pour épargner les autres femmes qui tenaient moins bien leur maison qu’elle.» Le lecteur serait pardonné s’il se sentait plongé dans une parodie assez cruelle de la nouvelle bourgeoisie et des parents trop attentionnés. Franzen lui-même appelle ce genre de catalogue impitoyable des illusions de la bourgeoisie «de la fiction pour trouver les failles».
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