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L'histoire du "Printemps arabe" continue de se faire. Mais déjà ce mouvement démocratique a battu en brèche tous les clichés. Débat réalisé dans le cadre 9ème Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains de Genève.
© Wassim Ben Rhouma /Flickr Le geste du jeune Tunisien Mohammed Bouazizi s'immolant le 17 décembre a déclenché un véritable séisme dans le monde arabo-musulman et au delà. Ces régimes dictatoriaux que l'Occident croyait stables et soutenait au nom de la lutte contre le terrorisme et l'islamisme ont montré leur profonde fragilité. Les images des foules tunisiennes et égyptiennes debout face à leur dictateur ont ébranlé les régimes les plus établis du Yémen à la Syrie mais aussi plus loin jusqu'en Iran.
Chaque pays est particulier mais l'état des lieux est le même. Ces régimes à la fois corrompus, inégalitaires et policiers ont privé leurs citoyens de tout espace de liberté. Mais, les télés satellitaires, l'internet, les réseaux sociaux si populaires parmi les classes moyennes dessinaient un autre monde alors que les plus déshérités s'enfonçaient dans la misère.
Les peuples tunisien et égyptien se sont ainsi libérés au nom des valeurs universelles de droit et de justice à rebours des relativistes pour qui le monde arabo-musulman serait étranger à la démocratie.
Ils se sont libérés seuls sans les armées de l'Occident comme en Irak, sans même les partis trop compromis avec le pouvoir ou laminés par des décennies de dictature.
Ils se sont enfin libérés sans haine de l'Occident ou d'Israël, cet ennemi opportun des tyrannies. Ces peuples ont montré qu'ils pouvaient sortir de l'étau dictature-islamisme.
Tout reste à faire néanmoins et l'histoire du printemps arabe peut encore basculer. La place donnée aux islamistes qui ont prospéré sous les tyrannies sera ainsi l'une des questions majeures posées aux régimes de transition. En Tunisie, mais surtout en Egypte, ces partis représentent une forte opposition populaire, peut-être la première. Faut-il pour autant condamner d'avance un processus démocratique que l'Occident appelle théoriquement de ses voeux ?
François Sergent
Stéphane Hessel, auteur du pamphlet Indignez-vous
Sophie Bessis, sur la transition démocratique en Tunisie
Adam Michnik, sur le printemps arabe