Cette sensation d’être noyé dans la masse, pris au milieu des cris, et de devoir crier plus fort pour
émerger du magma des autres
N’importe quoi ! Idée individualiste ! Nous sommes mais si pauvres et si seuls, sans
unisson Discordants solitaires pétris de mauvais rêves…
Autres qui labourez le vaste champ de nos solitudes Faites donc germer l’espoir ! En grandes pompes
s’il vous plait ! Vidangez-nous de ces jours sombres Faites valser les
abat-jours, œillères de l’éclat divin
Mangeons l’altruisme en grappe en rendant grâce au son ténu de nos souffrances et de nos
joiesCelles qui nous ont forgésCelles qui vont
marquer nos rides Tous ces traits autour des yeux du rire, et le soucis en barre au-delà des sourcils, et qui
seront notre livre vivant des heures encore chaudes où le visage en vie s’expose à tous les temps
Où quand le cri des sans-prophètes jaillit des larmes et que le monde exploite nos
continuationsOù quand la vue des îlots de sérénité nous aura collé l’âme aux fesses pour ne plus se
départir des astres des autres qui nous rendent heureux
Et j’aurai vu la mer se glisser sur nos âges, et j’aurai vu la terre nous accepter dans sa
révolution – la première qui fut, la dernière qui sera
Quand les fientes du ciel sèmeront des nuages – Quand de ses brumes noires l’histoire acclamera la
fin des hommes – Restera le souvenir des pierres qui, un jour peut-être, furent taillées, signifiant la beauté de nos mondes enfin morts
Rotonde idée du ventre ensemencé d’enfanceForteresse d’amour, enceinte insoucianteLa terre accouchera d’un songe à son image