Tous les professionnels du tourisme vous le diront : en terme d’éductours, le meilleur cotoie le pire. Pour ceux qui ne sont pas de la partie, l’éductour, c’est un voyage offert par un tour operateur ou un office du tourisme pour promouvoir des hôtels et/ou une destination. C’est un avantage (qui d’ailleurs, est sujet à polémique comme on a tenté de le rendre imposable). Les agents de voyages sont souvent conviés mais acceptent rarement l’invitation, souvent par manque de temps et parfois (il faut bien le dire) par manque de motivation.
Les offices du tourisme organisent des éductours, et ce sont de loin les plus agréables. On veut vous faire découvrir une destination, et c’est en touriste que vous vous émerveillez. J’ai par exemple eu la chance de partir en éductour en Finlande, pendant 4 jours. Ce voyage restera gravé dans ma mémoire (balade en rennes, kart sur glace, dîner lapon, motoneige…). C’est une jolie façon, à mon sens, de nous inciter à vendre la destination à nos clients.
Il existe une autre forme d’éductour, nettement moins sympathique. Lorsqu’un tour operateur emmène un groupe d’agents de voyages en repérage, il prend soin de planifier une visite de TOUS les hôtels qu’il commercialise sur la destination, pour que l’on soit incollable sur la disposition des lits dans la chambre, la couleur du papier peint, et la profondeur de la piscine. Résultat : vous partez 3 jours aux frais de la princesse MAIS vous visitez 15 hôtels au pas de charge. C’est bien simple, à la fin, vous ne voyez plus rien, tellement on vous matraque d’informations. Quelques agents de voyages zélés prennent 10 photos à la minute. La salle de bains. La chambre. Le lit. Re-le lit. La table de chevet. La télé. La télécommande. Le placard. Stoooooooooooop.
Vous rentrez chez vous éreinté, sans avoir RIEN vu d’autre que l’aéroport et les hôtels. Et lorsqu’un client pousse la porte de votre agence et vous demande s’il y a des restos sympa autour de l’hotel machin-chose (dont vous gardez un vague souvenir), vous ne pouvez même pas lui répondre. Parce que vous avez dîné à l’hôtel machin-chose, justement, et que vous n’avez rien vu d’autre.
Moralité : je pense que les tour operateurs auraient intérêt à limiter les visites d’hôtels, et à miser aussi sur les visites. Un agent de voyages qui rentre enchanté d’un éductour devient souvent un fidèle partenaire pour les tour operateurs, et se montre reconnaissant. A l’inverse, si l’agent de voyages a l’impression de s’être fait pigeonner, il se fera un plaisir de NE PAS recommander la production du tour operateur.
Moralité numéro 2 : si vous organisez un éductour, que vous soyez un office du tourisme ou un tour operateur, faîtes les choses bien. J’ai le souvenir d’un éductour à Vienne épouvantable. Il faisait – 10° (sans mentir) et on nous a fait cavaler pour attraper un tramway le soir et se rendre au restaurant. Les 10 minutes de marche m’ont semblé interminables, tout le monde râlait… Et biensûr, après le restaurant, re-belotte, à attendre le tramway dans le froid polaire. Tout ça pour économiser un transfert… Sans parler du restaurant, d’ailleurs, qui m’a fait penser à Flunch (j’exagère à peine). Résultat : ça ne m’a pas donné envie DU TOUT de recommander ce tour operateur à mes clients…
Avez-vous déjà vécu pareil suplice ? Allez, un peu de courage, ami agent de voyages, dénoncez le tour operateur mercantile qui vous a « offert » un éductour miteux… A l’inverse, racontez-vous votre plus bel éductour !