Sylvain Larocque
Flammarion Québec
288 pages
Résumé:
L’ex-sergent-détective partage avec le personnage qui lui a valu son surnom un flair redoutable et des méthodes inusitées. Il oublie ses lunettes dans un bureau pour revenir surprendre une conversation compromettante, il épluche les carottes d’un suspect pour finalement lui annoncer qu’il est en état d’arrestation, il s’invite aux petites heures du matin chez un parrain de la mafia pour le déstabiliser… Ce curieux mélange d’historien de l’art et de rebelle n’a jamais craint d’utiliser les médias pour arriver à ses fins, au risque de se mettre à dos ses supérieurs. On lui doit la seule escouade de police canadienne consacrée aux œuvres d’art. Conteur hors pair, il a confié à Sylvain Larocque ses histoires les plus édifiantes. Sa lutte est avant tout celle de la défense des artistes, premières victimes de délits qui ne touchent pas que des musées et de riches collectionneurs. Du voleur au receleur, en passant par le faussaire et le spécialiste du blanchiment d’argent, la criminalité dans le milieu de l’art a de multiples visages !
Mon commentaire:
J'ai commencé à m'intéresser au travail d'Alain Lacoursière il y a quelques années et il était donc tout naturel que je lise le livre de Sylvain Larocque sur ce singulier personnage. Alain Lacoursière est un sergent-détective marginal, au physique particulier. Né en avril 1960, Lacoursière aurait très bien pu mal tourner. Un peu rebelle, il contestait l'autorité n'avait pas nécessairement les meilleures fréquentations qui soient. C'est sous l'influence d'amis de la famille qu'il s'intéresse au monde policier et décide d'en faire un métier, tout en combinant des études en histoire de l'art, domaine qui le passionnait.
Au fil des ans, il s'intéresse de plus en plus aux vols et aux crimes reliés au monde de l'art. Alors qu'il s'agit de "crimes de riches" dans la tête de bien des gens, Lacoursière travaillera d'arrache-pied pour faire valoir la pertinence d'enquêter sur ces vols qui servent généralement au blanchiment d'argent et qui cachent bien souvent d'autres crimes. surtout, pour redonner une place aux artistes floués par ces crimes artistiques. C'est à force de détermination et de techniques à contre-courant des procédures établies dans le domaine que Lacoursière devient une sommité dans le monde de l'art. Il n'hésite pas à bluffer, à saisir des biens en plein encan ou à arrêter un suspect sans mandat pour parvenir à ses fins. Sa priorité: retrouver les oeuvres d'art volées qui sont une part importante de notre patrimoine et qui, contrairement aux objets électroniques ou de valeur, ne peuvent être rachetés. Ce sont des pièces uniques.
Le livre est séparé par chapitres traitant de divers aspects du monde criminel de l'art. Des faussaires en passant par l'escroquerie financière, de l'importation suspecte d'oeuvres aux vols de tableaux de musées ou de galeries, jusqu'au blanchiment d'argent, tous les aspects sont traités et mettent en lumière des causes sur lesquelles Lacoursière a travaillé. On nous parle aussi de son amitié pour Serge Lemoyne et de l'aide qu'il lui a apporté dans certaines affaires, ainsi que du parcours du combattant de Claude Robinson avec la compagnie Cinar. C'est d'ailleurs le portrait de Lacoursière par Robinson qui illustre la couverture du volume. De nombreuses autres causes sont présentées et commentées, souvent avec humour. J'aime énormément la façon de faire de Lacoursière avec les criminels.
La biographie de Lacoursière écrite par Sylvain Larocque nous amène sur les traces du sergent-détective. À travers ses enquêtes, on apprend à connaître l'homme en parallèle de son travail. Son univers est captivant et il s'est taillé un métier exceptionnel, à la hauteur de son talent. Souvent avec humour, Lacoursière livre des anecdotes relatives à ses enquêtes. Le livre se situe entre le documentaire d'enquête et la biographie. C'est d'ailleurs principalement du travail de Lacoursière dont il est question, de son passage unique dans le monde des oeuvres volées ou trafiquées.
Alain Lacoursière est maintenant à sa retraite et oeuvre comme expert dans plusieurs dossiers. On lui doit la seule escouade canadienne d'enquête sur les vols d'oeuvres d'art et la création d'Art Alerte, un système utilisé dans le milieu de l'art pour aider à retracer et informer les intervenants de crimes liés aux oeuvres d'art. Lacoursière est un homme étonnant, aux méthodes peu orthodoxes. Son travail est passionnant et ce volume de Sylvain Larocque arrive à point nommé. Un livre à lire pour tous ceux qui sont, comme moi, passionnés par les enquêtes liées au monde de l'art.
Un extrait:
"Rembrandt a peint 700 toiles... dont 3000 sont encore en circulation."
[Wilhelm Bode, historien de l'art], citation en épigraphe au volume
En complément:
Il existe deux projets documentaires qui ont été présentés à la télévision et qui traitent du travail de Alain Lacoursière.
Le premier, Le Columbo de l'art, est une réalisation des productions Orbi-XXI. On y présente le travail de Lacoursière à travers des enquêtes qui l'ont mené de Bruxelles à Paris en passant par Montréal, sur les traces de ceux qui utilisent les oeuvres d'art pour blanchir de l'argent.
Le second projet est une série d'émissions présentées à Télé-Québec cet hiver: Art sous enquête. Cette série d'émissions de trente minutes s'attarde chaque fois sur un artiste différent en lien avec une enquête dont les oeuvres ont été l'objet. La série compte douze émissions.
Le Columbo de l'art et Art sous enquête sont deux documentaires d'enquête captivants sur le travail extraordinaire d'Alain Lacousière. Si vous avez la chance, ils sont à voir absolument. Ce sont d'excellents compléments au livre.