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[Médias - Pensée unique] France Inter : Travail des enfants – « les petits bâteaux » nous mènent en bâteau

Publié le 10 mars 2011 par Yes

Le « vaisseau amiral » de Radio France conjugue avec bonheur capitalisme, sécuritarisme et verbalisme.

Capitalisme

Brigitte Jeanperrin, actuellement animatrice et productrice de l’émission « le Carrefour de l’économie », et bien connue pour son aptitude à être au service des PDG et de l’entreprise privée sur le service public, reçoit enfin la juste récompense de son travail en figurant dans la promotion du nouvel an de la légion d’honneur au grade de Chevalier[source :]. Pour fêter cela elle invite à « débattre », dans son émission du 1er janvier 2011, Mathilde Lemoine et Christian Saint-Etienne, membres du Conseil d’analyse économique, un conseil « placé auprès du Premier ministre ».

Brigitte Jeanperrin prêche la bonne parole capitaliste aux adultes, et pour les enfants, c’est Noëlle Breham qui se charge du catéchisme.

Comme nous le relevions ici-même : « L’émission « Les p’tits bateaux » sur France Inter propose à de jeunes auditeurs (6-12 ans) de poser par l’intermédiaire d’un répondeur des questions que l’animatrice, Noëlle Breham, s’occupe ensuite de soumettre à d’éminents spécialistes, qui s’efforcent de répondre de façon claire et adaptée à leur jeune âge. L’exercice, souvent réussi, est cependant difficile et impose inévitablement raccourcis et/ou simplifications. Mais il offre aussi l’occasion de voir la pédagogie se transformer en pure propagande (…) ». Le 23 janvier 2011 ces propos ont à nouveau été illustrés dans « Les p’tits bateaux ».

- Léna : « Bonjour, je m’appelle Léna, j’ai 11 ans, et j e voudrais savoir pourquoi il y a des enfants qui travaillent dans des conditions impossibles dans les pays pauvres. Merci, au revoir. »

- Noëlle Breham : « Bonsoir Léna, tu vas vite. C’est Daniel Cohen qui a écrit La prospérité du vice édité chez Albin Michel, Daniel Cohen qui est professeur à l’Ecole normale supérieure, qui va te répondre Léna. Pourquoi il y a des enfants qui travaillent dans des conditions pas possibles dit-elle dans des pays pauvres ? »
- Daniel Cohen : « Eh bien justement parce qu’ils vivent dans des pays pauvres. Lorsqu’un pays est pauvre tout est cher, tout est cher pour les parents comme pour les enfants. Envoyer les enfants à l’école ça coûte cher aux parents . (…) Dans un pays pauvre les parents gagnent de l’argent grâce au travail de leurs enfants et souvent ce travail des enfants est indispensable à la vie de la famille. Il est indispensable parce qu’il y a des enfants plus jeunes encore dont il faut s’occuper et il est indispensable parce que quand on est très très pauvre tout argent gagné compte pour le bien être, si on peut dire, de la famille. C ’est la raison pour laquelle dans les pays les plus pauvres on donne souvent de l’argent aux parents pour qu’ils envoient les enfants à l’école, comme si l’Etat permettait aux parents les plus pauvres de gagner quand même de l’argent alors même que leurs enfants ne travaillent pas. »

- Noëlle Breham : « Il compense un manque à gagner. »
- Daniel Cohen : « Il compense ce qui apparaît aux enfants et aux parents comme un manque à gagner. Dans les pays riches aucun parent ne considère qu’il y a un manque à gagner quand un enfant de 10 à 15 ans va à l’école. Mais dans un pays pauvre lorsqu’un enfant de 10 à 15 ans va à l’école, pour les parents c’est perçu comme une dépense parce que c’est perçu comme un manque à gagner. »

- Noëlle Breham : «  Mais autrefois dans nos pays riches c’était un petit peu la même chose ? »
- Daniel Cohen : « Ce qui se passe aujourd’hui dans les pays les plus pauvres s’est évidemment passé chez nous aussi. (…) Et souvent dans les pays les plus pauvres la question est moins de savoir est-ce que les enfants vont ou pas à l’école que la question de savoir si en même temps qu’ils vont à l’école on leur demande aussi de travailler quand ils rentrent de l’école, et c’est évidemment ça qui rend la situation des enfants pauvres qui sont scolarisés tout à fait injuste par rapport à ceux qui peuvent se contenter d’aller à l’école. (…) »

- Noëlle Breham : « Daniel Cohen merci. En Suisse, qui n’est pas un pays pauvre, les vacances de la Toussaint s ’appelaient jusqu’à il y a peu « les vacances de patates » pour libérer les enfants pour aller donner un coup de main dans les champs. »

Daniel Cohen et Noëlle Breham ne remettent pas en question le travail des enfants, ils glosent sur les « conditions pas possibles » dans lesquelles travaillent ces enfants.

Daniel Cohen est membre du Conseil d’analyse économique « placé auprès du Premier ministre » et Noëlle Breham, bien que rémunérée par une radio de service public, joue la rabatteuse pour Poweo, une entreprise privée qui participe activement au démantèlement du service public de l’électricité.

[Médias - Pensée unique] France Inter : Travail des enfants – « les petits bâteaux » nous mènent en bâteau

Suite de l’article ici :

Lu, vu, entendu : « France inter dans tous ses états » – Acrimed | Action Critique Médias.


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