Par Hubert Artus | Rue89 | 09/03/2011 | 17H49
En 2008, « Syngué sabour », un huis clos sur la culpabilité, lui donne le prix Goncourt. Avec « Maudit soit Dostoïevski », Atiq Rahimi ne quitte pas le chaos afghan, et c'est pour mieux affronter l'histoire de sa propre culpabilité : la mort de son frère communiste, son exil, et le combat entre justice divine et justice des hommes. L'écrivain franco-afghan nous livre un « Crime et châtiment » en terre musulmane. Interview en avant-première.
« A peine Rassoul a-t-il levé la hache pour l'abattre sur la tête de la vieille dame que l'histoire de “Crime et châtiment” lui traverse l'esprit. Elle le foudroie. Ses bras tressaillent ; ses jambes vacillent ». Et voilà, le crime est à moitié raté.
« Tout sera fondé sur le fiqh, la charia »
Pris à son obsession, Rassoul en oublie même de tuer un témoin gênant et d'emporter l'argent et les bijoux qu'il était venu chercher. Il repart « du sang sur les mains, mais rien dans les poches ». D'où une double culpabilité qui ne le quittera plus.
Après ce début de polar d'anti-héros, « Maudit soit Dostoïevski » nous ballade dans une Kaboul intime, néanmoins faite de poussière et d'explosions permanentes. Rassoul, c'est un Raskolnikov afghan. (Voir la vidéo)
C'est pour payer son loyer, et par amour pour la jolie Souphia (dont la vieille dame était en fait la maquerelle), que notre homme, jeune intello employé à la bibliothèque universitaire de Kaboul, a tué. Plus tard, apeuré par le témoin resté vivant et par le remord, il ira se dénoncer.
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