Ma Trouille / "Le trac" : Me, Myself, I and...Lise.

Publié le 10 mars 2011 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Lise est l'artiste qui m'a le plus remuée depuis les 6 derniers mois. J'ai découvert sa musique et ses textes sur le chantier des Francofolies de La Rochelle en janvier dernier et j'ai été surprise des émotions multiples que ses morceaux suscitaient chez moi. Lise c'est une vraie rencontre. J'en ai déjà parlé ici, à renfort de photos et d'un montage vidéo qui visait à faire partager mon émoi.

Et puis Lise a été annoncée à Paris. Au théâtre des Déchargeurs. Au moment de pénétrer dans la salle de concert, surprise : Au bout d'un long escalier, l'auditeur accède à une salle voûtée aux murs de pierre. Petit espace, intimiste au possible où se dresse fièrement le piano de Lise. Quelques tables, des banquettes et une console technique : le décor est planté. On a un peu le sentiment illusoire que Lise nous reçoit chez elle.

Semblant émue de se trouver là et surprise d'avoir un public, la belle ne trahit pas l'impression sur laquelle elle m'avait laissée : Elle est de celles qui doutent, s'angoissent et s'étonnent toujours de l'attention qu'on leur porte. Ce qui la rend éminemment sympathique. A mon sens.

Son set a compté de nombreux morceaux ce soir là, parmi lesquels un inédit signé Dominique A., un titre beau à pleurer. Je reviens sur ce concert bientôt parce que j'ai filmé plusieurs passages que je compte bien monter pour les partager. Pour l'heure, c'est son morceau sur le trac que je t'invite à découvrir.


Lise au théâtre des Déchargeurs : Le Trac par notsoblonde

Oui parceque ce titre là en particulier me parle beaucoup figure toi.

La peur, c'est un sentiment un peu honteux. De ceux qui sont raillés en public. Reconnaitre sa peur c'est comme un aveu de faiblesse. Alors en général, on évite.

Moi j'ai peur. Souvent. Vraiment. Plus que la moyenne des gens je pense.

De plein de choses.

Longtemps j'ai eu honte de l'avouer et puis je me suis dit "tu devrais te faire soigner".Puis j'ai appris à vivre avec et ça fait partie de moi. C'est comme ça.

Alors j'admire les autres. Ceux qui n'ont peur de rien. Qui ne perdent jamais leurs moyens.

Pour ma part je suis trouillarde finie ascendante anxieuse. Ou l'inverse, je saurais pas bien dire au fond.

Alors parfois la peur est telle qu'elle paralyse. Heureusement je n'en suis pas là. A la grande loterie de la vie j'ai aussi reçu cette petite touche d'inconséquence qui fait que souvent, malgré mes craintes, je me lance.

Ce qui me sauve un peu c'est le recours systématique au "Fais le, ose plutôt que de regretter de ne pas avoir essayé" (Autant te dire que le cercle des poètes disparus, ça, c'est un film que j'ai aimé).

Mais ce serait faux de dire que je transcende mes peurs systématiquement. Seules les petites angoisses se laissent écraser. Pour ce qui est de la vraie trouille, quand j'y suis confrontée, c'est moi qui finis par être écrabouillée.

Pour prendre un exemple concret, quand BlackFeet Revolution a donné son concert secret dans un squat parisien, j'y suis allée avec une amie et, rongées par la trouille, nous nous sommes  défilées avant de les avoir entendus jouer. C'était là et je vais te livrer une retranscription  partielle de la bande son pour que tu réalises le ridicule de la situation :

"Mais va y avoir un sureffectif là non?"

"J'préfèrerai qu'Florent soit là (le jeune homme en question est majeur depuis peu et je m'en remettais à lui à ce moment là pour me sauver de mes angoisses underground :  La honte)

"Ah mais moi j'aime pas être en sous sol, hein"

"Ah, ben j'préfère quand y'a d'la lumière, ça va mieux déjà".

Au départ il faut savoir que je voulais filmer notre arrivée sur les lieux sans prendre le son, juste pour faire un teaser du concert en plaquant dessus la musique des blackfeet mais quand j'ai écouté ça chez moi, je n'ai pas pu m'empêcher de me moquer du duo que nous formions avec mon acolyte du soir.

Grosse flippette.

Faut dire que le passage pour accéder à la "cave de concert" était hyper étroit, qu'on avait la sensation de manquer d'air (je suis un peu claustro à l'occasion) et que c'était TRES TRES sombre avec des bruits bizarres. Ajoute à ça que notre présence en cet endroit était complètement illégale, tu comprendras qu'il ne nous a pas fallu plus de 10 minutes avant de renoncer  au programme initialement prévu.

Tout ça pour dire que j'ai souvent la trouille. Ce qui explique que je fuis comme la peste les activités à fort dénivelé (j'ai le vertige), peu éclairées (j'aime pas l'obscurité totale), et surtout, surtout, toute forme d'activité aquatique dans laquelle mes pieds ne sont pas en contact direct avec une surface stable.

Car tu vois je fais partie de cette minorité de gens qui ont une peur panique de l'eau profonde. Pas la peine d'essayer de me raisonner, nombreux sont ceux qui s'y sont essayés, en vain...

Bref, souvent, j'ai peur, j'appréhende, j'angoisse. Et Lise chante ça :

"J'ai les mains moites, les pommettes écarlates et j'ai mal au coeur, j'ai des noeuds dans le ventre et des crampes, et les tempes qui battent...Mes yeux mouillent et mes dents claquent, j'ai la trouille, j'ai le trac, j'ai peur. Mais j'me dis "Vas y continue...."" 

Alors bien sûr je me dis que ses mots auraient pu être les miens. Ca me fait drôle. Et j'aime ça.

Dans un autre genre, il y a longtemps maintenant, j'avais trouvé dans le titre de Cabrel "J'ai peur de l'avion" un peu de réconfort musical. (Impossible de le trouver sur le net alors je me contente d'un extrait du texte) :

"Faut qu'il y en ait un qui tombe, C'est peut-être le bon, J'ai peur de l'avion...Tous les bruits sont bizarres,
Toutes les odeurs suspectes,  Même couché dans le couloir, Je veux qu'on me respecte"

Bientôt d'autres séquences du  concert de Lise...ici même. Reviens vite.