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Poésie sonore - nouvelles cartographies sonores

Publié le 10 mars 2011 par Desartsonnants

NOUVELLES CARTOGRAPHIES POÉTIQUES

POÉSIE SONORE

Limoges du 10 au 27 mars


Le printemps des poètes est là, avec sa moisson d'écrits, de paroles d'événements, grands ou petits...

Difficile d'en faire le tour en un article.

Aussi Des Arts Sonnants à choisi un événement qui fait la part belle à la poésie sonore, impulsé par une courageuse maison d'édition qui a toujours portée ce genre à bout de bras et organisé par l'association PAN!.

Saluons les maisons dédition qui savent prendre des risques, et l'expression est ici le reflet d'une situation bien réelle, loin d'une imagerie poétique, pour défendre une politique éditoriale exigente.

En tous cas cette programmation offre une des plus belle brochette d'artistes haut-parleurs en ce printemps des poètes à la progrogrammation parfois un brin sage, et là, chapeau !

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PRÉSENTATION

Du 10 au 27 mars, dans le cadre du Printemps des poètes, l’association Pan! offre un état des lieux des nouvelles écritures poétiques, à travers diverses rencontres : expositions, lectures, perfor mances, projections, interventions urbaines, interventions théoriques à partir de la notion de carto graphie, dans l’acceptation la plus large du sens. Ces diverses rencontres ont pour but de mieux diffuser une poésie toujours plus vivante, multiple, qui n’en finit plus de muter et de croiser d’autres pratiques (philosophiques, musicales, photographiques, chorégraphiques, cinématographiques, scientifiques…), afin de fabriquer de nouveaux outils de pensée par le biais de gestes poétiques toujours plus hybrides, qui échappent toujours plus radica lement à l’acharnement taxinomique de ceux que la réinvention constante de la langue inquiète.

HISTORIQUE :

de janvier 2007 à juin 2009 (période pendant laquelle les éditions Al Dante étaient installées à Limoges), nous avons initié une série d’événements sous le terme de Manifesten. On trouve dans son intitulé même ce qui est à l’origine de ces Manifesten : Manifester ouvertement sa participation aux débats de société, par une interrogation constante des modes de fonctionnement du langage et des discours dominants, en ouvrant l’espace poétique au plus grand nombre ; Affirmer que, malgré l’atmosphère de désintellectualisation ambiant, penser est une fête ; et qu’il s’agit, pour nous, non pas d’être de simples producteurs d’événements, mais de provoquer les situa tions d’une fête permanente de la pensée (cf. Robert Filliou) : au bout du compte, ce qui importe n’est pas l’instant où se pose l’œuvre, mais le cheminement de la réflexion et le jeu des rencontres qui est à l’origine de l’événement – puis, ce qui en découle : des expériences génératrices de nouvelles réflexions, de nouvelles rencontres… et, par conséquent, de nouveaux chantiers poétiques, qu’ils soient indivi duels ou collectifs, qu’ils s’inscrivent ou non dans un processus artistique) ; échapper à une certaine forme de confort lénifiant auquel aimerait nous habituer une culture de masse de plus en plus colonisatrice d’espaces, et prôner une culture de l’inconfort : une culture qui produit et réinvente les outils de pensée pour être toujours en capacité de réfléchir autrement notre présent. Pendant ces deux années, à Limoges, des Manifesten : ont proposé des expositions de : Stéphane Bérard, Julien Blaine, AnneJames Chaton, Jean François Demeure, Laurence Denimal, PaulArmand Gette, John Giorno, La Rédaction, Franck Leibovici, Charles Pennequin… (à chaque fois, les œuvres ont été produites pour l’occasion, en toute logique avec la démarche contextuelle des auteur(e)s invité(e)s) ; ont organisé une rétrospective de Mail Art ; ont invité, pour des interventions théoriques ou performatives et des lectures : Édith Azam, Patrick BeurardValdoye, Julien Blaine, Philippe Boisnard, Yves Buraud, AnneJames Chaton, Docteur Courbe, Sylvain Courtoux, The Cutup Conspiracy, Charles Dreyfus, JeanMichel Espitallier, Alain Frontier, Jérôme Game, Giovanni Fontana, John Giorno, Michel Giroud, Christophe Hanna, Bernard Heidsieck, Joël Hubaut, Manuel Joseph, Arnaud LabelleRojoux, Josée Lapeyrère, La rédaction, Franck Leibovici, Bruno Lemoine, Éric Madeleine, Thierry Madiot, Vannina Maestri, Richard Martel, Isabelle MaunetSalliet, Laurent Prexl et le groupe Prexley?, Charles Pennequin, LiPing Ting, Olivier Quintyn, Jacques Sivan, Isabelle Vorle… ont créé un journal : La Res poetica (quotidien d’interventions poétiques – 5 numéros parus) ; ont initié, avec les associations Acte en Limousin et Alcool, des ateliers performances en milieu scolaire, avec JeanMichel Espitallier et Charles Pennequin.

Ce fut également l’occasion de créer de nouvelles amitiés, de nouveaux réseaux. Manifesten n’est pas un label tenu pas un acte de propriété et un fonctionnement réglementé ; bien au contraire, il se veut un concept dont il importe de reréfléchir les modalités et les contenus au fur et à mesure des rencontres, des besoins et des exigences de ceux qui le font vivre : les auteurs, les passeurs et les lecteurs actifs. Le projet Nouvelles cartographies poétiques est né de ces rencontres provoquées lors des Manifesten passés.

NOUVELLES CARTOGRAPHIES POÉTIQUES

Si cette manifestation s’inscrit dans la logique des Manifesten par sa volonté de participer à la diffusion des pratiques poétiques contemporaines grâce au jeu des rencontres :

rencontre entre les auteurs et les lecteurs (permettre aux lecteurs d’aborder des écritures mal portéespar le circuit marchand du livre, souvent à cause de leur singularité, mais également parce que certainesd’entres elles utilisent des modes de circulation qui échappent aux logiques éditoriales et commer

ciales classiques) ;rencontres entre les auteurs et les passeurs potentiels (enseignants, bibliothècaires, libraires,étudiants…)

rencontres entre les auteurs euxmêmes (afin de nourrir les débats qui animent l’espacepoétique, et permettre ainsi à de nouveaux chantiers poétiques de voir le jour…) ; sa singularité est dans la volonté d’un groupe d’enseignants de lui donner une dimension radicalement pédagogique. En effet, à l’origine, il y a le désir de faire circuler dans les écoles de Limoges une exposition intitulée Calligrammes & Cie, etc. tirée de l’anthologie éponyme publiée aux éditions Al Dante – ellemême conçue comme une « exposition de papier » – et invitant à parcourir l’espace (international) et le temps (des futuristes à nos jours) d’une création poétique qui se situe aux lisières du visible et du lisible. Ce projet s’inscrit dans un travail à finalités très clairement éducatives : il se décline en plusieurs moments consacrés à des expositions tantôt itinérantes et modulables (établissements scolaires, bibliothèques universitaires, etc.) tantôt durables et ancrées dans des lieux spécifiques (galerie du CAUE ; galerie Lavitrine ; galerie l’œil écoute…) offrant ainsi des points de chute pour des performances, lectures et ateliers de réflexion en présence parfois d’artistes représentatifs des tendances évoquées plus haut. Les interventions de ces derniers au sein du contexte plus conventionnel d’une exposition sont apparues essentielles pour donner aux événements artistiques, maintenant récurrents et familiers dans le paysage culturel, toute leur dimension signifiante. Du même coup la création contemporaine trouve ici l’occasion de se continuer par delà les quelques échantillons visibles de celleci par le public à travers des discours vivants et stimulés par les rencontres.

« Calligrammes » ou « idéogrammes lyriques » – comme aimait à les appeler Apollinaire luimême,

– « visuelle », « spatialiste » ou « concrète », – peu importe les désignations rigides –, la poésie doit, pour tenir parole, s’afficher et s’annoncer dans la matière même de l’écrit dont elle inquiète et questionne les linéarités automatiques et les lectures programmées. Il s’agit donc de faire circuler ce qui passe trop souvent inaperçu par manque d’adéquation avec son medium d’exposition. L’intérêt et la nécessité d’une telle entreprise sont de permettre à des œuvres atypiques, dont le but est de sortir d’une matérialisation trop « livresque », de paraître là où elles ont des chances d’être rencontrées par le public : espaces de médiation, de travail ou d’échanges.

  

LES EXPOSITIONS :

1/ à la galerie lavitrine, Nouvelles cartographies poétiques.

Sinistres nouvelles du monde. Mais pas totalement. Par le filtre des médias elles opacifient l’espace mental. Imposent un savoir. Mais que se passetil lorsqu’on les débarrasse de tout indice textuel, sonore, temporel ? Et qu’on en redispose les éléments à l’envie ? Que racontent ces images rendues nues par ce travail de désaffublement ? [Frank Gatti]

Les mots du pouvoir : ces mots dont est composé le dispositif langagier mis en œuvre, mis en ordre pour formater notre pensée tout en nous faisant croire qu’ils existent en partage, que deviennent ils lorsqu’ils sont retirés de leur contexte, et que, sur la carte de la novlangue, ils se retrouvent reclas sifiés selon une logique taxinomique critique ? [arTerrOrist] La surenchère des messages saturent notre environnement, créant ainsi d’étranges double bind qui paralysent nos désirs d’action. Nos mouvements s’enlisent dans le doute – mouvements physique, mouvement de pensée. Comment faire autrement, lorsque traversant un espace libre, nous est imposé l’ordre de s’échapper ? Ou lorsque qu’une signalétique affolée nous enjoint de prendre des directions uniques/multiples ? [JeanFrançois Guillon] Nous sommes définis par les mots. Une vie peut être écrite par ce que nos gestes du quotidien produi sent comme écriture. Notre passage en caisse n’estil pas toujours infailliblement oblitéré par ces déchets textuels qui nous racontent avec une justesse crue ? Qu’estce qui désigne le mieux l’objet : sa description mentale, le ticket de caisse qui le définit comme marchandise, ou alors sa marque, lorsqu’elle celleci a impacté nos esprits au point de se substituer au nom même de l’objet ? [AnneJames Chaton]

Vivre engendre l'univers textuel qui nous définit. Nous ne cessons de produire (sciemment ou acciden tellement) des déchets textuels qui balisent nos journées. Et la logique du quotidien se substitue à ces rognures, à ces résidus textuels. Le quadrillage mental le plus strict, qui tendrait à classifier au plus juste les événements d'une journée selon leur importance, s’apparente ici au travail de tri des déchets.[Jean Gilbert]

Sinitres nouvelles du monde. Mais pas totalement. Les nouvelles sont ce qu’on nous raconte du monde. Les nouvelles sont donc la vérité ? Mais qu’y atil derrière la vérité ? Derrière l’opacité de cette vérité imposée ? La parole des gens. La parole nue. Cette parole qui nous dévoile de nouveaux paysages à explorer : la pensée des gens. Des gens d'ici, toujours, comme à Aïda, en Palestine.[Till Roesken]

La pensée se fabrique au fur et à mesure des expériences, qui nous permettent de mieux appréhender ce qui contraint et ce qui rend souverain. Dans un travail sans cesse. Ne pas faire allégeance à ce qui contraint, mais prendre conscience des différentes défroques qui nous sont imposées. Le corps parle. Le sang qui goutte est le seul métronome qui compte réellement notre temps. [fabienne Létang] Cette exposition n’est pas une exposition. Ces œuvres ne sont pas des œuvres. Entre les murs de la galerie Lavitrine sont proposés autant de minilaboratoires où chacun offre en partage un moment singulier d’une pensée singulière toujours en mouvement – à l’instar de ce film qui se fabrique sous nos yeux, et peut ne jamais se finir – et pourtant, nous nous y promenons, toujours.

2/ à la galerie L’Œil écoute, Ne mords pas la main qui te nourrit, mangela (proverbe tzigane)

cette exposition de Myr Muratet est une déclinaison du livre La sécurité des personnes et des biens de Manuel Joseph et Myr Muratet

[Résumé du livre emprunté au site des éditions POL]

La sécurité des personnes et des biens

[drame social] Le texte de Manuel Joseph est sous la forme d'un récit, un roman qui raconte l'installation dans son nouvel appartement – et les péripéties de cette installation – d'un homme dont on ne sait s'il sort de prison, d'une cure de désintoxication, d'un séjour en HP, ou des trois à la fois. Réadaptation diffi cile, pour le moins... Elle permet, en tout cas, par le regard aigu et méticuleux que porte le person nage sur la réalité qui l'entoure, de mettre en question notre propre regard sur cette même réalité. La précision des descriptions, la manière dont elles sont reprises, répétées, modifiées impercepti blement au long de ces répétitions met rapidement mal à l'aise. D'autant plus que le texte est coupé d'extraits de documents militaires ou administratifs dans lesquels l'auteur souligne l'utilisation récur

rente de termes médicaux pour métaphoriser les actions les plus violentes contre, ennemis de l'intérieur ou pas, terroristes, opposants : cela prolonge et élargit le cadre initial et l’universalise.

Pour répondre à ce texte, cinquante photos en quadrichromie de Myr Muratet. Scènes, personnages et paysages de banlieue principalement, à distance de réflexion : pas humanistes, pas anecdotiques, plutôt « objectaux » mais aussi anthropiques. Ces photos donnent un singulier relief au texte de Manuel Joseph. Et réciproquement.

3/ à la galerie du CAUE, Du plan à l’horzon : Károly Tamko Sirato & julien Blaine

Confrontation entre la poésie planiste du poète hongroisTamko Sirato (poésie“paysagère” organisée selon une logique topographique) et les Bimot de Julien Blaine (que se passetil entre deux mots, alors que ceuxci sont simplement séparés – ou liés... – par une ligne d’horizon).

4/ à la salle de la résidence des jacobins :Tapis de guerre + Michel Aubry

Au centre d’une présentation des tapis de guerre afghans (tapis dont les motifs décoratifs classiques furent remplacés par des armes, des véhicules de guerre, des cartes géopolitiques…) : une instal lation de Michel Aubry : une collection d’objets métalliques (enfin de ce qu’il en reste…) datant de la guerre 14/18, et retrouvés sur un terrain, en Alsace, qui fut un champ de bataille… (Les tapis de guerre afghans présentés ici sont une petite partie de la collection de tapis de Michel Aubry).

5/ à la faculté des lettres et des sciences humaines : Citations (Julien Blaine, AnneJames Chaton et Jean Gilbert)

On appréhende un nouvel espace poétique avec différents outils : son environnement direct – qui est aussi le notre –, notre propre bibliothèque mentale, la séquence sociale dans laquelle nous évoluons, notre façon singulière, toujours, de fabriquer notre vie… tout ce qui forme notre quotidien peut servir d’indice pour mieux comprendre comment fonctionne une écriture et savoir en quoi elle peut nous être utile. Un autre poète, a fortiori, peut nous offrir d’autres indices, autrement éclairants. Pour cette exposition, nous avons donc demandé à chacun des trois auteurs invités de nous proposer, en regard de leur travail exposé, une œuvre visuelle choisie parmi l’anthologie Calligrammes et Cie, etc. (Al dante, 2010). JULIEN BLAINE (ses Fables : quelle légende pour telle image ; quelle image, pour telle légende – ici, à la fac de lettres. Ses Bimot: que se passetil entre deux mots, réunis – ou séparés ? – par une simple ligne d’horizon – làbas, à la galerie du CAUE)… propose, en regard de son chantier poétique, une œuvre visuelle du poète français EDMOND JABÈS : L’un. ANNEJAMES CHATON (ses Portraits : nous sommes définis par les écrits que nous portons – ici, à la fac de lettres. Et son journal éclaté sur un mur, ainsi que ses objets qui sont euxmêmes ce qui les écrit

– làbas, à la galerie lavitrine)… propose, en regard de son espace d’écriture, une œuvre du poète concret et performeur anglais BOB COBBING : Are you Children Safe in the Sea?: «soit le devenir pictural du texte, le pigment passé au crible du machinique qui ouvre jusqu'au spectre sonore ». JEANGILBERT (ses fragments à partir de sa Matrice Eisenhower(travail en cours) : des schémas organi sationnels conçus pour hiérarchiser les taches journalières (selon une logique propre au papa de l’opé ration Overlord), sortes de plans où se jouent d’étranges et, parfois, amusants conflits entre « déchets » du quotidien et « bruits » textuels de l’environnement sociétal – ici, à la fac, et làbas aussi, galerie Lavitrine)… propose, en regard de son univers textuel, une œuvre du poète concret japonais SEIICHI NIIKUNI : Environnement.

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Le Printemps des Poètes 2011


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