L’art de torturer et d’exécuter …
L’histoire de cette fille qui trouve une bouteille jetée à la mer avec, glissée à l’intérieur, une carte indiquant l’emplacement d’un trésor légendaire et qui se lance à la poursuite du butin en compagnie d’une bande de pirates, n’a rien de vraiment originale en soi. L’auteur va cependant parsemer son récit de quelques éléments qui entretiennent l’intérêt de l’histoire (la recherche du père, la manière dont elle trompe les pirates, etc) et d’une idée centrale qui alimente son côté surréaliste et burlesque.
La chasse au trésor se retrouve en effet très vite dans l’ombre d’une mystérieuse école de bourreaux, où le lecteur découvre avec un mélange de stupéfaction et d’amusement, des enfants qui apprennent l’art de torturer et d’exécuter. Le décalage entre ces scènes d’une cruauté gratuite et ces animaux anthropomorphes au physique sympathique fait inévitable mouche. Et finalement, derrière la simplicité apparente du scénario, le lecteur découvre une grande maîtrise scénaristique et un récit débordant d’humour noir.
Au niveau du graphisme, le trait épuré et caractéristique de Jason joue la carte de la sobriété, tout en parvenant à accentuer le côté burlesque des scènes. Le décalage entre le texte de Fabien Vehlmann et le dessin faussement simpliste du norvégien font la saveur de cet album. Soulignons finalement la colorisation uniforme et parfaitement maîtrisée d’Hubert, qui apporte également beaucoup au graphisme.