En attendant l’affaire Longuet

Publié le 10 mars 2011 par Hmoreigne

Alors que le feuilleton Woerth-Bettencourt rebondit après une courte pause, le cas de Gérard Longuet pourrait bien, à son tour, défrayer la chronique. A peine nommé ministre de la défense, l’intéressé fait l’objet d’une plainte pour prise illégal d’intérêt de la part d’un actionnaire minoritaire de GDF Suez, Jean-Marie Kuhn, qui reproche à l’ancien patron des sénateurs UMP d’avoir été le conseiller rémunéré de GDF-Suez pendant quinze mois au moment où le parlement examinait la loi Nome (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) qui oblige EDF à vendre une partie de sa production nucléaire à ses concurrents.

Gérard Longuet a beau se réfugier derrière le fait qu’il est resté muet sur les questions d’énergie quand elles sont venues en discussion au Sénat, le mélange des genres interpelle. Mauvais point pour le nouveau ministre, la mission de conseil à GDF-Suez via une société dont il est actionnaire majoritaire n’aurait pas été déclarée au Bureau du Sénat.

Cela n’empêche pas l’intéressé de se déclarer “serein” et “inoxydable”. Le ministre avançe que la mission s’inscrivait dans l’activité normale de la société. Le montant du contrat incriminé est pourtant loin d’être anodin, de l’ordre de 450.000 euros payés soit directement à la société de conseil Sokrates, soit directement à Gérard Longuet.

A tort ou à raison, la crédibilité de Gérard Longuet est quelque peu altérée par son passé. Le Monde, retrace un parcours qui relève plus “d’une succession d’affaires financières et judiciaires” que d’un long fleuve tranquille.

La situation a un goût de déja vu. La ligne de défense est déja connue : ce qui n’est pas illégal ne peut être politiquement sanctionnable. L’Elysée a jugé que l’absence de risques sur le plan pénal évacue tout risque politique. C’est aller un peu vite en besogne et faire fi du climat actuel. C’est surtout oublier que la politique doit aussi être une morale.

La discrétion des médias et de l’opposition qui jusqu’alors a entouré ce dossier, une quasi auto-censure, s’explique largement par la crainte d’offrir du grain à moudre au FN.

Jean-Marie Kuhn, actionnaire minoritaire de GDF-Suez estimant qu’il a été lésé par cette situation n’a pas eu ces états d’âme. Sa plainte, au-delà de Gérard Longuet, vise le sulfureux homme d’affaires Albert Frère et le rôle trouble de la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier de l’Etat.

Par capilarité, ce sont les amitiés troublantes du Chef de l’Etat avec quelques grandes fortunes qui remontent à la surface. Albert Frère figurait notamment parmi les prestigieux invités du Fouquet’s, épisode fondateur du mandat de Nicolas Sarkozy.

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