Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias ENARD

Par Lecturissime

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Prix Goncourt des lycéens en 2010

L’auteur :

Mathias Enard est un écrivain français. Son roman Zone a obtenu le Prix décembre en 2008 et le prix du livre Inter en 2009.

L’histoire :

13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu'il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l'invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d'un pont sur la Corne d'Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l'étrangeté byzantine, Michel Ange, l'homme de la Renaissance, esquisse avec l'Orient un sublime rendez-vous manqué. (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

-   Le style est ciselé, lyrique, poétique et il nous emporte en deux mots sur les rives de l’histoire avec une facilité déconcertante :

« Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l’amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s’accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, d’éléphants, de rois et d’êtres merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu’il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l’amour, l’amour, cette promesse d’oubli et de satiété. » (p.66)

-   Tel un poète, Michel Ange veut sublimer le monde, lui apporter de la beauté pour que la nuit ne triomphe pas. Ce n’est pas seulement un pont qu’il souhaite construire, mais une véritable œuvre d’art inscrite dans l’éternité. La vie et ses contingences auront raison de ses projets…

 

-   Michel Ange est saisi dans l’immédiateté de son histoire personnelle mais aussi de la grande Histoire. Le fait d’ancrer ce court récit dans une réalité historique apporte un souffle de magie supplémentaire aux instants fugaces saisis dans la vie de cet homme illustre.

Ce que j’ai moins aimé :

- La légèreté de ce petit roman me laisse penser qu’il ne me laissera pas une impression durable…

Premières phrases :

« La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube. Et avec elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants. Nous sommes un peuple de relégués, de condamnés à mort. Je ne te connais pas. Je connais ton ami turc ; c’est l’un des nôtres. Petit à petit il disparaît du monde, avalé par l’ombre et ses mirages ; nous sommes frères. »

D’autres avis : Griotte (Merci, merci), Leiloona, Amanda, Dominique, Pickwick, La Ruelle Bleue, Alex

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Mathias ENARD, Actes Sud, août 2010, 153 p., 17 euros